100 km...

Pour moi, l'épreuve la plus dure !

BELVES - 100 km - France - Avril 2001
Fier de l'avoir fait !

Voilà, ce 29 Avril, je me trouve au départ de mon premier 100 km. Pour moi c'est un moment très fort car ce défi que je me suis lancé, je dois maintenant le réaliser. Me retrouver là sur une distance qui me parait énorme, désormais c'est avec 3 chiffres qu'il faut compter les kilomètres !!!




Pour la première fois au moment du départ, je me demande ce que je fais là ! D'un seul coup toutes mes envies de grandes distances se sont envolées, j'ai vraiment le trac, l'estomac serré et je n'ai qu'une seule envie c'est que le départ soit donné pour libérer tout ce stress qui est en moi et vogue la galère... 



Temps grisâtre pour ce départ, il fait frais mais c'est une température idéale pour courir. Pour ce premier 100 km, je suis seul, pas d'accompagnateur et mon ravitaillement (Caloreen et barres) je l'ai fait déposer au 60ème km à la tente des kinés (c'était le seul endroit où il était possible de mettre un sac). Le ravitaillement, la grande inconnue pour moi qui ai du mal à manger quand je cours, seulement un peu de sucre et des morceaux de banane, voilà ce que je suis sûr de pouvoir avaler. Mais dans un premier temps, c'était plus la distance que les ravitaillements qui me préoccupait. 






Et voilà c'est parti, au bout du premier kilomètre cela allait beaucoup mieux, la bonne humeur du peloton m'a fait oublier mon stress. Au bout de quelques kilomètres après la jonction avec les accompagnateurs, une pluie très fine commença à tomber. Au début c'était agréable, mais au fur et à mesure que le temps passait c'est devenu une bonne pluie accompagnée d'une température qui ne grimpait pas. Avec mon short et débardeur pour seuls vêtements, cela commençait à devenir difficile, le froid et la pluie me tétanisaient les muscles et le peu de nourriture que je pouvais absorber ne me requinquait pas alors que les crampes d'estomac s'installaient progressivement. 


A Sarlat en laissant la ligne d'arrivée du 50 km sur ma gauche, je me suis vraiment posé la question si j'allais m'arrêter là ou continuer. Au ravitaillement qui se trouvait 200 mètres plus loin j'hésitais toujours, mais je me suis dit "plus que 10 km à tenir et je retrouverai mon ravitaillement et les kinés". Et cette pluie qui redoublait ! Mais je suis têtu, je m'étais inscrit pour un 100 km ... alors je suis reparti du ravitaillement, tête baissée, les dents serrées direction ce fameux 60ème km. Il s'en suivirent 10 km de galère, les jambes entièrement tétanisées, des crampes d'estomac qui me pliaient en deux, mais je courais toujours, pas bien vite mais je ne voulais pas marcher car j'avais trop froid et marcher cela aurait été je pense la fin pour moi, alors que courir, même doucement me gardait à une certaine température et laissait mon corps en activité.

Et enfin, quand au loin la tente des kinés sur la droite de la route fut en vue, quel soulagement, la fin du calvaire arrivait. Enfin un peu à l'abri sous cette tente tant attendue où quelques coureurs étaient là allongés sous des couvertures. Direction mon sac, mon ravitaillement dans les mains, je me suis posé 20 min sur la table de massage et j'ai laissé avec un certain plaisir le kiné effectuer son oeuvre réparatrice, pendant que de mon côté j'essayais de recharger mes batteries avec quelques barres et le fameux Caloreen tant apprécié des coureurs d'ultra. Encore 10 min pour quelques assouplissements légers et surtout pour me remotiver car il me restait encore un marathon à faire !!! Qu'il faisait bon sous cette tente et j'avais encore une petite hésitation à repartir. Mais petit à petit je sentais mes forces revenir et d'un seul coup, sans plus réfléchir, j'ai foncé dehors et suis reparti sans me retourner. La pluie était toujours présente, moins abondante et comme un automate j'allais droit devant sous les encouragements de quelques spectateurs pour effectuer la fin de mon pari. Et oh surprise, après une dizaine de minutes, mon corps s'est remis à fonctionner, à ronronner pas bien vite, mais je courais sans souffrir et avec le moral en hausse, une seule chose était présente dans ma tête, aller au bout des ces 100 km. 


Au 90ème km, sur le bord de la route était assis un concurrent et en m'approchant de lui il me dit "j'arrête, je n'en peu plus, j'ai mal partout", je lui ai répondu "t'es fou, on est à 10 bornes de l'arrivée, aller viens on finit ensemble" je l'ai relevé, on a marché un petit kilomètre et petit à petit on s'est remis à trottiner ensemble pour finir sans s'arrêter. Et pour la première fois j'ai poussé un cri de joie en franchissant la ligne au bout de 10h43 et dans ma tête je me suis dit "ça y est tu es centbornard" et fier de l'être. 




Puis, c'est complètement transi, dans une crise de tremblement, que j'ai pris la direction de la tente des kinés pour un massage réparateur. Mais, allongé sous trois couvertures, j’ai attendu ce massage une vingtaine de minutes. 

Après une bonne douche bien chaude à l'hôtel, c'est l'esprit vagabond m'envoyant sans cesse des images de la course, que je rejoignais le chapiteau près de l'arrivée pour un super repas et un immense gâteau d'anniversaire pour fêter les 25 ans de ces 100 km du Périgord.




Le lendemain, après une bonne nuit, ce fut le retour vers Antibes en voiture avec des jambes raides comme des poteaux. 
Pour moi cette course, reste à l'heure actuelle, celle que je suis le plus fier d'avoir faite, car ce fut mon premier vrai ultra, réalisé dans des conditions difficiles et finir m'a certainement beaucoup appris sur moi-même, sur mes capacités physiques et mentales. Je pense qu'elle restera ma référence par sa difficulté. 










BELVES - 100 km - France - Avril 2002
Douleurs et réussite.

Vendredi matin, 26 Avril, départ en voiture avec mon fils (qui m'accompagnera en vélo pendant la course) pour le Périgord et plus précisément la petite ville de Belvès. 





Samedi matin, debout 6h00, le départ des accompagnateurs en vélo est prévu avant le notre, à 7h20, mon fils partira avec tous les autres cyclistes pour nous récupérer 7 km plus loin.




















A 8h00, c'est le départ des 550 coureurs (+250 pour le 50 km qui avait un départ commun avec le notre), pour une nouvelle aventure sur 100 km avec un temps magnifique et qui s'annonçait très chaud dans la journée. Bref, c'est parti avec beaucoup de rigolade et de décontraction pendant la boucle de 2 km faite dans le village, mais très vite tout le monde chercha à régler son allure pour ne pas se griller dans l'euphorie du départ. En attendant de récupérer mon fils 7 km plus loin, le premier coureur avec lequel je discute m'annonce, comme par hasard, qu'il fera la DESERT CUP en fin d'année donc je ne partirai pas seul dans cette aventure désertique en Jordanie. En retrouvant mon fils, il m'annonce que je ne suis pas trop mal placé, mais pour moi le classement est quand même secondaire, la priorité est de finir et si possible réussir à passer sous la barre des 10 heures. 














Les 30 premiers kilomètres courus avec mon futur collègue de la Désert Cup, se passèrent fort bien, un peu de bavardage, beau temps, mais un peu rapide à mon goût, et je décidais alors de le laisser filer. Pour moi, à cette vitesse c'était aller droit dans le mur (et lui, il y est allé dans le mur, il abandonna au 50ème km). Vers le 40ème kilomètre mes douleurs aux genoux sont revenues et un peu d'inquiétude s'installa.

Plus les kilomètres passaient, plus les douleurs me venaient de partout alors que le parcours devenait de plus en plus dur à l'approche de Sarlat. De plus, la chaleur commençait à attaquer l'organisme et à brûler les mollets. Heureusement que mon fils était avec moi, ça aide moralement d'avoir quelqu'un à ses côtés. Mon "porteur d'eau" m'a vraiment été utile, entre la boisson et l'arrosage du corps il en a fait des kilomètres sur son VTT. Toute la fin de la course s'est passé au moral et à la volonté, tous les "vas y papa" "celui qui est devant est pour toi" me redonnaient à chaque fois un petit peu de punch ! Enfin la dernière côte, du 96ème au 100ème km, au dénivelé de plus en plus prononcé, se passa tout à l'énergie et de voir que je pouvais passer sous les 9h40 synonyme de points FFA pour mon club, me donna la rage. Enfin ce fut l'arrivée à Belvès dans un temps de 9h38 et une belle 25ème place à seulement 1h40 du premier. Je fus accueilli par mon compagnon de début de course en me disant "j'aurai dû rester avec toi, car j'ai explosé au 50ème !" 


Un super résultat pour moi et mon défi de passer sous les 10 heures réussi. Pour l'anecdote j'ai signé mes premiers autographes à l'arrivée de cette course, ah ces gamins !...