45 km... et fin de l'Aventure !
C'est avec un grand plaisir que je m'étais inscrit pour cette deuxième édition de la Mauritanienne Race 200. L'idée de retourner dans ce pays me donnait des frissons, car ayant gagné la première édition, beaucoup de souvenirs fabuleux redéfilaient dans ma tête. Après avoir effectué la Trans 333 début décembre 2003, je m'accordais un mois de repos avant de me relancer dans une préparation pour essayer d'être dans la même forme que cette année là.
Donc, début janvier la reprise fut dure, peut être pas assez de repos après mon aventure en Inde et c'est avec de grosses difficultés que mon corps s'est remis en route.
Et ce qui devait arriver arriva, à la fin de la première semaine de février au cours d'un footing, un coup de poignard dans le mollet droit me stoppa net sur place. Le retour de ce footing fut un calvaire tant au niveau du mollet que de la tête, car pour moi il était évident que c'était assez "grave". Verdict le lendemain, après avoir passé une échographie, confirmation de la déchirure tant redoutée. Minimum 3 semaines d'arrêt complet !!! autant dire que la préparation était terminée pour moi.
Et en fin de compte, je n'ai pas repris l'entraînement avant de partir pour la Mauritanie, le 8 mars. 4 semaines d'entraînement et un mois complet d'arrêt, cette course n'avait plus la même saveur maintenant. Et c'est avec beaucoup de doutes et pas trop motivé que je suis parti là-bas.
Enfin, il y avait quand même le plaisir de revoir de nombreuses personnes, organisateurs et coureurs de l'édition précédente et de faire la connaissance des "nouvelles têtes" de cette 2è édition.
Voilà c'est parti, comme tout voyage lointain, c'est dans un avion que tout commence. Ici avec Joël Delmas que j'ai eu le plaisir d'accueillir la veille de notre départ à la gare de Nice.
Après un voyage sans problèmes (décalé d'un jour quand même) les retrouvailles se firent au village d'Azoughi vers 15 H ou tout le monde nous attendait, nous les "6 de Marseille". Pas le temps de chômer, il fallait passer la visite médicale, le contrôle matériel et faire nos sacs de ravitaillement. Le départ était pour le lendemain matin 8 h !!!!
Pour moi, après la joie et le plaisir de ces retrouvailles, la course reprenait ses droits et beaucoup d'interrogations défilaient dans ma tête : faire la course ou pas, comment allait se comporter le mollet, 4 semaines d'entraînement c'est trop peu pour une course pareille, courir, marcher, que des trucs négatifs !!! Bon, j'étais là, alors autant partir et on verra (en fin de compte, avec le recul, je ne pense pas que ce fut la bonne décision, j'aurais dû proposer de rester dans l'organisation pour m'occuper d'un CP).
Pas de temps à perdre, le lendemain matin de notre arrivée, déjà le départ de la course. Heureux de poser ici avec Mohamed Magroun, le futur vainqueur.
Pour moi, c'était le deuxième départ et avec le n°1, fier qu'il était le Gégé... pas pour longtemps !!!
Mardi matin 8 h15, le départ était donné pour cette deuxième édition par Jean Pierre Delhotal le directeur de course.
Dès les premiers 100 m je me retrouvais avec Mohamed Magroum (champion de France en titre des 100 km) pour effectuer quelques kilomètres en sa compagnie. Mais très vite, je ralentis ma cadence et le laissais partir, car pour moi il était hors de question de le suivre.
C'est parti ! Très vite, tout le peloton s'étire au fil des kilomètres. Ce premier tronçon sera assez caillouteux dans toute sa première partie
A ce moment tout allait bien encore, le sourire était là et les jambes aussi. Malheureusement c'est un moment qui fût vraiment trop bref à mon goût !!!
Les premiers 20 km se passent relativement sans problèmes, mais je sentais bien que ce n'était pas ça. Au premier CP, un ravitaillement rapide et je repartais au bout de 5 mm.
Mou, dur, mou, dur une alternance de sols où il est difficile de garder le même rythme
Très vite par la suite, au fil des kilomètres, les jambes ont commencé à se durcir et une douleur dans le bas ventre s'est fait sentir. Le réveil de la pulbalgie était là et tout se compliquait. Je décidais de marcher un peu pour voir ce que cela donnait, mais malheureusement même en marchant cela me faisait mal.
Soudain à l'approche du CP2, un tas de roche bleue presque turquoise, étonnant car nous n'avions vu jusqu'à présent que des rochers noircis par le soleil. Pour moi, c'était le signe de la fin et j'ai attendu ici un moment le 4x4 de l'organisation, pour leur annoncer mon intention d'abandonner, car des douleurs au bas ventre (une pubalgie renaissante) commençaient à vraiment me faire souffrir.
Et je suis arrivé au CP 2 tant bien que mal et pris la décision d'arrêter là. Faire la course en marchant ne m'aurait pas dérangé, car le désert c'est beau, c'est magnifique et j'aurai pu faire du "tourisme" et en profiter un peu plus que l'année précédente. Mais si c'était pour avoir mal en marchant, non !
Ici, c'est le CP2 au bout de 40 km, vraiment un CP où beaucoup de monde s'accorde un premier repos et un gros ravitaillement. La chaleur est au summum et l'ombre est appréciée par tout le monde
Après avoir dit que j'abandonnais au CP 2 et y être resté environ une heure et un peu sous l'insistance du commissaire de course présent (merci Jacques !) j'ai quand même essayé de repartir. Une heure d'arrêt m'avait un peu soulagé de la douleur. Mais très vite celle-ci est revenue et au bout de 5 km, c'était le retour vers ce CP 2 et l'abandon ferme et définitif.
Après être reparti, au bout de 3 km le dernier paysage de course pour moi, c'est ici que j'ai pris la décision de faire demi-tour et de retourner au CP2
A mon retour au CP, petite rencontre avec Samia et Bernard. Bonne route à eux deux
Mais que c'est dur d'abandonner, c'était la première fois, je n'avais jamais vécu cela, 45è km, fini le désert, fini les grands espaces.... 45è km, début d'une grande frustration, d'une énorme déception, de la gamberge... !!
Mais bon cela fait partie de la course aussi. Savoir accepter et en tirer les leçons, me feront progresser dans la gestion de mon corps.
Et que dire de Noëlle, que j'ai retrouvée allongée, épuisée à l'arrière d'un 4x4, elle qui se faisait une joie de vivre cette grande aventure, qui s'est perdue pendant plusieurs heures pour finir comme cela, j'étais vraiment déçu pour elle, bravo d'être venue, Noëlle.
Et finalement, je suis resté sur la course jusqu'au lendemain, allant de CP en CP en 4x4, pour suivre et encourager les petits copains. Et à chaque CP l'envie de repartir était présente dans ma tête !!! Que c'est dur aussi ça.
Maintenant pour moi, commence la ballade de CP en CP durant toute la nuit pour suivre les coureurs et vivre la course différemment. Ambiance de nuit Mauritanienne avec feu de bois et thé à gogo !!! Un petit moment de détente pour les docs de la course car pas mal de coureurs vont s'accorder un moment de repos pour mieux repartir.
Mais cela m'a permis de faire connaissance avec les coureurs d'une autre manière. Comme Michele, un Tri-athlète suisse, que l'on a "repêché" égaré avec des grosses douleurs aux adducteurs et qui abandonna dès qu'on le retrouva. Et c'est avec lui que j'allais naviguer la nuit au grès des CP.
CP5, Joël, oh là là que c'est dur de déplier ces grandes gambettes !!!
Pas mal d'abandons encore cette année, un peu" moins" chaude (40/42°) et le problème de pas mal de coureurs venait de l'alimentation, beaucoup de vomissements, l'eau chaude faisait son oeuvre dans pas mal d'intestins et autres estomacs. Par manque d'alimentation le corps s'épuise, les forces manquent et malgré la volonté, quand les jambes ne vous portent plus, c'est la fin. Mais bravo à tout le monde, car cette Mauritanienne Race 200 est une épreuve assez dure, mais vraiment super à faire.
Le CP5 au petit jour, les 4x4 sont au repos, la journée s'annonce encore difficile pour pas mal de monde
Plus de sac à dos, mine reposée, le regard perdu mais toujours avec l'envie de repartir, cela commence à être dur de voir les petits copains continuer leur périple !!!
Des spectateurs en vadrouille ou la recherche de nourriture est le passe temps quotidien pour ces longs courriers
Un organisateur en plein effort, hein Jean Pierre !!!
Avec Michele, un concurrent Suisse que l'on a "repêché" dans la nuit souffrant des adducteurs et qui a abandonné après le CP4. Ce fût l'occasion de pas mal discuter et de se découvrir mutuellement
Enfin, le tourisme je l'ai fait, un safari en 4x4 qui m'a permis de redécouvrir ce désert d'une autre manière. Je l'ai quand même apprécié, mais la déception était toujours présente et finalement au bout d'une nuit et d'une demi journée à me "balader" l'envie de rentrer au village était très forte, car malgré tout le moral n'était pas au top et il fallait en finir avec toutes ces envies de repartir.
En route pour l'auberge, il me tarde maintenant de rentrer car c'est dur d'être spectateur dans de telles conditions
C'est donc dans le milieu de l'après midi que nous sommes rentrés au village pour accueillir Mohamed avec sa superbe victoire. Le "chameau du désert" avait encore frappé !!
Momo arriva, par le même chemin que j'avais empreinté une année en arrière, heureux de sa victoire. Une course qu'il avait menée de mains de maître. Bravo ce monsieur est un grand de l'ultra mondial.
Et puis les uns après les autres, tous ces valeureux guerriers du désert sont arrivés plus ou moins épuisés par tant d'efforts. Bravo à tous et spécialement à nos deux V3, Bernard Roth et Gérard Godin, qui ont bataillé dur pour finir. Et enfin un grand plaisir de voir arriver deux anciens de l'année dernière qui avaient abandonné et qui sont revenus pour vaincre cette Mauritanienne, Joël Delmas qui finira 3ème après une superbe remontée la dernière nuit et Michel Savelli qui fît une course sage pour finir en pleine forme.
Quelques "gueules" de forçats du désert
Ouille !!! Voilà ce qui peut arriver après quelques heures passées dans le désert
Jojo est enfin arrivé, maintenant c'est l'épreuve du "retirage" de guêtres !!!
Moments de détente à l'ombre de la grande tente dressée dans le village
Notre Super V3, Bernard faisant trempette pour soulager ses petits petons !
Voilà, maintenant place au tourisme pour une petite balade africaine dans des décors de cinéma. En reprendre plein les yeux, on ne se lasse pas de ces paysages.
C'est l'appel du Désert !!!
Chinguetti, la ville envahie par le désert. Visite, repas, la première halte de notre journée touristique Corvée de pâtes pour Simone, pour un Italien c'est de la routine
Lui, il a eu chaud, si nous ne y étions pas opposés, il finissait dans la casserole des Mauritaniens !
Suite de notre ballade par la passe d'Amo Djar
Petit passage à l'école d'Azoughi, pour une distribution de cahiers, stylos etc... et une remise de médicaments au dispensaire. La Mauritanienne se veut aussi humanitaire et ce n'est vraiment pas trop de pouvoir aider un peu.
Le côté humanitaire de la Mauritanienne, cette distribution de cahiers, stylos et autres crayons à l'école d'Azougi, un moment très émouvant pour Noëlle qui avait beaucoup participé à cette action.
Plus tard, ce sera la visite au dispensaire avec l'apport de médicaments. C'est 400 kg de matériel qui ont ainsi été amenés de France par l'organisation pour ces dons
Dernier petit déjeuner, dans 2 heures ce sera le départ pour la France
Pour moi, maintenant, il me reste a tirer les leçons de cette expérience. Apprendre à me ménager un peu plus, car mon corps n'est pas une machine inépuisable et je sens maintenant les signaux qu'il me lance. Car c'est vrai que depuis 4/5 ans, je ne le ménage pas, entre ma perte de poids et tous ces kilomètres parcourus. Il semble me dire "fait attention, à utiliser avec modération !!!"
Le moment est venu pour moi de tirer les leçons de cette aventure 2004...
Comme tout a une fin, c'est par le même moyen de transport que l'aller, que s'effectuera le retour. Au revoir désert, maintenant cap sur le Niger et la "route du sel 555" qui s'effectuera en novembre de cette année et un petit "intermède" au mois d'Avril sur le Raid Montpellier/Valencia pour une course de 550 km en 10 étapes.