Tout est dans la tête : le rêve d'abord, la réalisation ensuite...
il suffit de se dire "je peux le faire"... et de le faire !

Raid Montpellier Valencia - 550 km en étapes - France / Espagne - Avril/Mai 2004





RMV... Il fallait oser !


Concevoir une course à étapes pour relier deux villes distantes de 720 km, pour quelques mordus de course à pieds, oui il fallait l'oser. 

Coureur d'épreuve non-stop en particulier, je m'étais décidé de faire une course en étapes pour y découvrir autre chose, d'autres sensations, un effort physique différent et je me suis lancé un défi, celui de faire le Raid Montpellier/Valencia, une course de 550 km environ en 10 étapes reliant donc les villes de Valencia en Espagne et de Montpellier. 


Le premier attrait de ce raid était bien sûr la distance, mais surtout de vivre une aventure humaine avec coureurs et organisateurs sur un longue période. Cette vie commune allait durer 12 jours depuis le départ de Montpellier, avec un transfert en minibus vers le point de départ de cette course qu'était Valencia. 


La première rencontre entre participants et organisateurs se fît sur un parking d'une grande surface. Là, il y avait les anciens (5) ceux de la première édition en 2003, qui étaient ravis de se retrouver et les nouveaux (3) dont je faisais parti, plus un concurrent espagnol et un autre français qui étaient déjà sur place à Valencia. Quelques têtes connues pour moi, Marianne et Philippe rencontrés quelques mois auparavant sur la Trans 333, Laurent et Marcel dix jours avant notre départ aux 24 h de Saint Fons.



L'intégration entre "anciens" et "nouveaux" se passa sans problème et la route vers Valencia fût l'occasion pour nous tous de faire plus ample connaissance et d'avoir pas mal de renseignements sur le déroulement de l'épreuve. Nous apprenions que les étapes n'étaient connues que le matin même, au moment de la remise du road book, quels types de paysages et de terrains que nous allions rencontrer etc... Beaucoup de petites infos qui nous permettaient de rentrer progressivement dans ce raid.

Notre installation dans notre premier camping se faisait dans le milieu de l'après midi, où chacun prenait peu à peu ses marques. Première découverte avec notre petite tente 2 places que j'allais partager avec Laurent durant ces 11 jours. Rencontre avec Ernesto le concurrent espagnol et Ignace (le vainqueur de la 1ère édition), du médecin Fadi (un fou de course à pied comme nous) etc... 





Notre "Home" pour Laurent et moi durant ces 11 jours, mais le premier problème était de rentrer dedans, n'est-ce pas Lolo !!! 





Dernier contrôle de l'équipement pour Léonard.






Montage, démontage, le lot quotidien pour le staff de la course.




Premier contact aussi avec toute l'équipe de bénévoles (une dizaine déjà sur place à notre arrivée) qui allait nous accompagner tout au long de ce raid et avoir beaucoup de travail et peu de repos : monter et démonter les tentes, la cuisine, toute la logistique de cette épreuve, les CP, les tracés de pistes, les arrivées etc... Un super groupe managé par Christophe Médard, créateur et organisateur de cette épreuve. Puis ce fût une petite visite rapide à Valencia où une réception était prévue dans la Cité des sports. Le soir, premier contact avec la "cantine" de l'organisation où Chantal régnait en maître. En fait c'était bien plus qu'une cantine, nous allions avoir de supers repas, bien variés, dignes d'un bon restaurant. Une bonne ambiance régnait au sein du groupe, mais très vite l'appel du duvet allait venir car le lendemain matin le réveil était prévu à 6 heures, en musique sur une chanson des Beatles. 





Réception à la Cité des sports de Valencia.






Premier repas, que c'était bien bon ! Merci Chantal.






Pour une fois, Hervé n'avait pas sa casquette rouge !


Premier jour.
Et voilà, ce premier matin arriva, tant espéré ou tant redouté, car cette course hors normes de 550 km je ne savais pas comment la gérer. Une première, comment mon corps allait-il réagir, récupérer au fur et à mesure des jours et des kilomètres, c'était l'inconnu

Après le petit déjeuner, il fallait préparer le sac de course, plier ses affaires, prévoir le repas d'après course car nous sommes en semi auto-suffisance (à nous de gérer le petit déjeuner et le repas du midi, le repas du soir étant à la charge de l'organisation). Valises à tel endroit, petits sacs d'arrivée avec change et nourriture à tel autre, tout commence à se mettre en place pour ces petits rites quotidiens que nous allions devoir effectuer le matin avant le départ de chaque étape. Une fois prêt ce fut le petit transfert en minibus pour le centre de Valencia.

Arrivés à la Cité des Sciences vers 8 h du matin, nous effectuons aussitôt les contrôles médicaux et de matériels. Tout le monde était bon pour le service et le départ de cette première étape allait être donné par les Autorités locales à 10 heures.



La Cité des Sciences de Valencia, construction ultra moderne comme beaucoup de sites en Espagne.





Traditionnelle photo de famille au départ de ce 2ème RMV.



C'est parti ! ...Début d'une grande aventure qui commence.











15 min avant le départ, nous recevions notre premier Road book, nous indiquant le kilométrage de l'étape et une multitude d'indications sur notre parcours. Pour aujourd'hui ce sera un "échauffement" de 42 km jusqu'au fort de Sagunto. Peu de temps pour l'étudier et le départ était donné. Immédiatement Ernesto, le seul espagnol de la course, prenait les commandes, il était chez lui et partir en tête devait être important pour lui.



C'est avec une allure assez soutenue que le petit peloton s'extirpa de Valencia escorté par les motards de la police pour arriver sans encombre dans la zone industrielle bordant la ville.

Très vite deux pelotons se formaient, les furieux qui fonçaient devant comme si ce n'était qu'une course d'un jour et les plus sages qui savaient que la route serait longue. A ce petit jeu, le premier peloton dont je faisais parti, fonçait un peu tête baissée comme pour jauger l'adversité. Et ce qui devait arriver, arriva, trop préoccupé à regarder l'autre, personne ne faisait vraiment attention au road book et au fléchage. Tout droit (alors qu'il fallait aller à gauche) nous loupions le CP2 et les plus belles parties de l'étape. Après un détour par l'autoroute et un sprint en côte pour l'arrivée et la victoire d'étape, les 5 premiers furent en fin de compte les 5 derniers car nous écopions tous de 2 heures de pénalités... Normal, mais cela commençait mal.

Après avoir attendu tous les arrivants, c'est devant une bonne bière que tout le monde se retrouva. Cela deviendra une routine à chaque étape, après avoir déposé les "armes" (sac à dos, chaussures...) l'amitié entre tous reprendra ses droits.










Première arrivée au Fort de Sagundo.

Puis transfert au camping pour une bonne douche réparatrice. Le souper était prévu à 20 h et c'est vers 21 h que tous les coureurs allaient se coucher. Pendant que toute l'organisation s'affairait sur la préparation de l'étape du lendemain, jusqu'à tard dans la soirée.



Au repas le soir, chacun raconte "son" étape du jour.




Deuxième jour.
La routine s'installe petit à petit, 6 h, le réveil n'est pas trop dur. Départ à 8 h sur la plage de la Concha à Oropesa de Mar. Cette deuxième étape nous conduira à Benicarlo situé 63 km plus loin. Les choses sérieuses commencent. La première partie se passera essentiellement sur des plages de sable et de galets (qui roulent bien sous les pieds...) avec un peu de goudron sur la fin le long des plages : éprouvant. Après une trentaine de kilomètres, un terrain plus à ma convenance, des pistes en terre dans une garrigue vallonnée, bien roulantes et pas trop piégeuses pour les chevilles. 





1er départ sur la plage... qui sera suivi par beaucoup d'autres.






Concentrés et attentifs lors du briefing journalier, quelques minutes avant le départ lors de la remise du road book.



Les grandes plages de galets, très difficile de courir dans cette caillasse ! 





Petits pas de danse et moment de rigolade... mais juste pour la photo, car quelques kilomètres plus loin la "bagarre" commencera.

Dès le départ Ernesto partit rapidement comme la veille, je me calais dans sa foulée et très vite nous nous retrouvions tout les deux seuls devant. En ce début d'épreuve nous étions «facile» et avancions à bonne allure, la course était lancée. Mais je ne tenais pas spécialement à rester avec lui et à la faveur d'une petite côte, mon compère espagnol lâcha un peu de terrain. C'était le moment pour moi de tenter quelque chose et pendant une quinzaine de kilomètres je filai seul devant pour essayer de faire un écart sur lui.



Quel plaisir cette garrigue, j'avais des ailes et l'écart se creusa rapidement pour atteindre à l'arrivée près d'une demie heure. Toute la fin de l'étape s'effectua sous un déluge, la pluie nous avait rattrapés, le vent soufflait fort de face, il fallait pousser fort sur les jambes pour courir à bonne allure. Heureusement que cette fin d'étape s'effectuait sur des Paseos de plusieurs kilomètres (Immense promenade sur le bord de plage en règle générale bien plate et recouverte de carrelage). C'est transis de froid que nous arrivions les uns après les autres sur la petite plage où se situait l'arrivée. Du thé chaud nous y attendait, un vrai bonheur.






Pluie, vent, froid... fin d'étape très pénible.



Le transfert en minibus se fit rapidement pour notre nouveau campement. Mais la pluie et le vent ne cessaient pas et quand nous sommes arrivés au camping aucune tente n'était montée. C’était impossible dans ces conditions et l'organisation décida de nous mener à l'hôtel pour une nuit. Après avoir pris nos chambres, nous retournions au camping pour y souper. Tout le monde se retrouva sous la grande tente qui abritait la cuisine. Bénévoles, organisateurs et coureurs se retrouvaient tous unis dans la tourmente, pas démoralisés du tout, les éclats de rire étaient toujours présents. Puis retour à l'hôtel pour y retrouver un bon lit, qui après une fin d'étape durant laquelle les organismes avaient bien soufferts, allait nous permettre de bien récupérer et surtout au chaud.






Ca mange, ça rigole... cette 1ère pluie ne nous démoralisera pas ! 



Troisième jour.
6 h, le petit déjeuner était pris dans la chambre et à 7 h les minibus nous attendaient au pied de l'hôtel pour nous reconduire au camping où se trouvait le départ de l'étape. Et surprise en sortant, un beau ciel bleu sans nuage nous accueillait. Le vent de la nuit avait chassé tous les nuages, mais celui-ci restera notre compagnon toute la journée pour ne cesser de souffler qu'en fin d'après midi. Arrivés au camping nous découvrons notre étape du jour : 59 km entre l'Ampolla et Cambrils. Je ne le savais pas encore mais cette étape sera vraiment difficile pour moi. La configuration du terrain : criques, chemins de ronde, rochers, sable, bref tout un éventail de difficultés très traumatisantes pour mes genoux.

8 h... Top départ et comme cela devient un rituel, notre espagnol ne prenait pas le temps de digérer et partait au "carton" !!! Que faire d'autre que de le suivre, car nous ne savions pas si il bluffait. Alors comme tous les matins, nous partions immédiatement tout les deux en tête. Mais très vite aussi, nous nous égarions et le trou que nous avions fait était très vite annulé. Alors c'est en groupe que nous allions faire toute cette première partie d'étape.

Que de criques !!! Monter, descendre, enjamber, s'accrocher, des racines, des cailloux, un parcours pour chèvre !!! Mais moi je n'en suis pas une, je les voyais grimper, sauter, slalomer avec une certaine aisance, je les enviais. Mes genoux commençaient à coincer, les descentes c'était avec mes deux jambes raides que je les faisais, de peur de trop solliciter ces deux articulations qui sont pour moi mon "maillon" faible !!! Alors ce sont mes chevilles qui faisaient tout le travail d'amortissement. La galère commençait, et je m'accrochais. Les criques défilaient les unes après les autres, de superbes endroits qui me rappelaient un peu mon Cap d'Antibes.






Superbes et immenses plages tout le long du littoral espagnol. Ah si on pouvait avoir les mêmes chez nous sur la côte d'azur ! 





Des criques et encore des criques, c'est beau... Mais mes genoux n'ont pas du tout aimé !

De longues plages de sable interrompaient ces casse-pattes, mais le devers vers la mer nous faisaient courir comme le "Dahu" une jambe plus courte que l'autre et là ce sont les hanches qui n'aimaient guère. Enfin, tous mes petits camarades avançaient assez rapidement et je ne voulais pas les laisser partir. A mi-course une grimpette assez pentue nous menait en haut d'une colline ou le chemin... Enfin si on peu dire cela, chacun passait où il voulait en utilisant souvent les 4 membres pour s'accrocher, on grimpait surtout à vue dans de la pierraille qui se dérobait sous nos pieds. Nous étions 5 en haut et ensemble nous repartions pour effectuer la descente prudemment car elle paraissait assez raide.






1ère "ascension" du raid, réunis en haut... cela ne durera pas.



Plus on monte et plus la vue est superbe ! Qu'est ce qu'il faut pas faire pour prendre une photo !

Revenu sur la plage, Hervé le "Killer", commençait son forcing, car étant un revenant sur cette course, il voulait gagner une étape (lui qui n'avait pas eu la chance d'en gagner une l'année précédente). Tête baissée avec sa casquette rouge, dans un style trapu, il s'arrachait le bougre !!! Au CP 3 (43ème km), notre "Killer" ne resta que 2 ou 3 min, puis repartit comme un démon !!! Ernesto lui, avait un coup de pompe, et souffla quelques minutes au CP.



Desensablage de pieds de temps en temps pour éviter quelques petits soucis d'ampoules.

La course poursuite commençait. Seul Ignace réussira à le rattraper. Pour ma part à une dizaine de km de l'arrivée je lâchais prise, mes genoux m'interdisaient d'aller plus vite, des douleurs assez vives me faisaient mettre un peu le "clignotant". La fin de l'étape nous proposa de longues plages bordées de camping. Les premiers touristes qui s'y trouvaient, nous regardaient passer incrédules en nous prenant certainement pour des "malades" à cavaler sur les plages avec nos sac à dos, tels des évadés de prison que rien n'arrête! Finalement c'est 5 min après un Hervé radieux que je terminais cette étape. Je le retrouvais là en plein bonheur, il l'avait son étape, mais à ses dires, il était au bout du rouleau. Dure étape que celle là, grosses douleurs aux genoux, j'appréhendais un peu la suite des événements. Le minibus était là et très vite nous partions pour Taragona, notre prochaine ville étape.






A l'arrivée, chacun explique sa course.






Oui, oui, on est en Espagne ! 
L'arrivée de cette étape... un véritable p'tit paradis ! 




Notre camping se situait au bord de la plage et c'est quasiment les pieds dans l'eau que nos tentes nous attendaient. La victoire d'Hervé s'arrosait d'une bonne bière sur la terrasse du café du camping comme de joyeux touristes. Le soir, bercés par le bruit des vagues, l'extinction des feux se faisait.






A la votre ! De bons petits moments ces après course.






Vue sur le large et bercé par le bruit des vagues.






Monter, démonter, remonter, la caravane se déplace comme un seul homme chaque jour.






L'extinction des feux n'allait plus tarder, profitons de ce moment de calme sous ces couleurs magnifiques.






Léo, un dernier p'tit verre en guise de somnifère.






Récup pour Lolo, tous les endroits sont bons... un vrai moine Shaolin ! 






Dehors !!!!... Interdit de rentrer dans le camion quand les boss, Christophe et Gégé, discutent du parcours du lendemain.

4ème jour.
Beatles au réveil, les genoux un peu rouillés, tout le monde dépliait les "carcasses" petit à petit.

57 km aujourd'hui pour aller à Sitges. Pour une fois, j'arrivais à faire rester Ernesto sur un rythme plus raisonnable, car une douzaine de km de criques et de chemins accidentés nous attendaient dès le départ. Un redémarrage tranquille qui permettait aux organismes de se chauffer doucement.







Au bout de 500m de plage, dès les premières criques et petits chemins mes genoux recommençaient à me tirailler, heureusement que personne ne voulait partir. Tant bien que mal, malgré encore une chute c'est avec soulagement que je voyais les premiers paseos de la journée.



Une trentaine de kilomètres en tout sur cette étaps. Enfin on pouvait commencer à dérouler la foulée et prendre une allure régulière sans se tordre les pieds. A ce petit jeu, Ignace est un fameux coureur (vainqueur de la première édition du raid avec 9 victoires d'étapes sur 10 !!!), un métronome. Foulée légère et rapide, très vite nous nous détachions tous les deux. Derrière chacun allait à son rythme et les écarts se creusaient petit à petit.



Gigantesques tous ces paseos, impressionnants de longueur et ces plages immenses à l'allure de plages Landaises, quel plaisir de courir. Et puis toutes ces constructions qui poussent comme des champignons... Ca bouge en Espagne, pas toujours d'un très bon goût ces dizaines d'immeubles alignés au cordeau simplement espacés d'une cinquantaine de mètres les uns des autres !!!






Des paseos plats comme des billards, maintenant place à des foulées régulières.

Petits arrêts pour se rafraîchir aux douches bordant les plages, Ignace et moi déroulions des kilomètres durant à la même allure, sans fléchir. L'arrivée à Sitges s'effectuera en haut de la colline bordant la ville, une grimpette assez sévère qui avait fait sourire Christophe (l'organisateur) au moment du briefing de départ "vous verrez, la vue est magnifique et ça monte un peu". 3 km d'ascension en zig-zag. Faisant une confiance aveugle à mon compagnon du jour Ignace (réputé pour sa sagesse et son flair du bon chemin) nous montions cette côte en alternant course et marche, pour apprendre à l'arrivée que nous avions fait 1,5 km de grimpette en plus... mon limier s'était planté de chemin !!!

Et c'est main dans la main que nous franchissions les premiers la ligne d'arrivée au "Belvédère". Chapeau, Monsieur Ignace, car à 63 ans, cet homme là est un sage et de surcroît très costaud, respect. Chacun arrivera à son rythme, heureux d'en finir avec cette première partie de raid, car le lendemain était la journée de repos à Blanes.



Arrivée en haut du Belvédère qui surplombe Sitges.



Sitges, une ville magnifique pour y passer quelques vacances.



Jacques et Christophe à l'affût du prochain arrivant.




Cinquième jour.
C'est à Blanes même que se situait le camping où nous prenions nos quartiers pour une journée pleine sans course. Après une nuit agitée (beaucoup de bruit la nuit dans cette ville), c'est vers 8h30 que je me levais. Belle journée en perspective. 



Mais la première impression au lever, était la déception de ne pas aller courir. Avec Laurent nous nous disions que cette coupure n'était vraiment pas la bienvenue ! Notre corps avait pris le rythme de la course, habitué à encaisser tous ces efforts journaliers pour repartir le lendemain. Alors après une journée de repos comment allait-il réagir ? 



Cette matinée fût pour nous l'occasion de faire un peu de lessive, d'aérer toutes nos affaires. Certains se reposaient, d'autres lisaient ou encore allaient faire une petite marche. Relâche aussi pour beaucoup de bénévoles, pas de campement à déplacer. Ensemble nous partions au restaurant le midi pour un repas bien sympathique où chacun apprit à se connaître de façon très conviviale. Ce qui renforça un peu plus les liens entre nous tous. Ils étaient quand même tous impressionnés par nos performances journalières.... Espérons que l'on aura fait des émules !!!

Le petit regret de ce moment privilégié entre tous est que Christophe et Jacques (organisateurs et responsables des parcours) ne soient pas présents avec nous. Comme tous les jours ils étaient en reconnaissance pour le balisage de l'étape du lendemain. Je pense que cela doit être frustrant pour eux d'organiser une telle course et de ne jamais la suivre !!! Repos au camping pour cette fin d'après midi. Après un souper toujours excellent, pas de nocturne pour cette journée de repos, c'est très tôt que tous les coureurs regagnaient leurs tentes car 6 journées de course se profilaient devant nous. 






La machine à laver à main a pas mal tourné pendant la journée de repos.






Staff et coureurs, coups de fourchettes et discussions, tout le monde se retrouve le soir au même endroit.

Ce soir là avec Laurent, nous décidions pour la première fois d'une tactique de course pour le lendemain. J'étais toujours devant et lui remontait au classement pour être derrière Ignace (qui était second), mais au coude à coude avec Ernesto. Notre but était de lâcher l'espagnol et d'user un peu plus Ignace. Nous décidions alors que Laurent attaquerait entre le CP2 et CP3 et que je le rattraperais plus tard après avoir vu ce qui se passerait. Le moment était venu pour nous de nous endormir avec nos projets.

6ème jour.
Cette 5ème étape s'annonçait difficile à la lecture de notre road book. Encore des criques et chemins de ronde, puis de la montagne avec un dénivelé d'environ 1500 m pour 60 km.



Comme d'habitude Ernesto partait devant, mais je décidais cette fois de ne pas le suivre, car enfin de compte il craquait toujours en fin d'étape pour finir derrière. Avec Laurent nous restions avec Ignace, Hervé et Jean Marie. Ce petit peloton de 5 coureurs arrivait et repartait groupé au CP1. Au bout de quelques km, à la faveur d'une partie goudronnée une flèche me dépassa. Lolo portait là son attaque, un peu tôt, mais il était bien et le sentait comme ça, alors.... Après avoir observé la réaction des autres concurrents, j'accélérais l'allure à mon tour, me détachaid du petit groupe et quelques km plus loin je retrouvais Laurent et Ernesto. Nous forcions l'allure avec Lolo et l'espagnol décrocha à son tour. Voilà « le tour était joué » et nous arrivions tous les deux dans la montagne en tête. A tour de rôle chacun tirait l'autre et l'écart se creusait rapidement.

Difficile tout de même cette montagne, l'ascension était longue et il faisait chaud. La descente se faisait à vive allure, dur dur pour les genoux, mais l'occasion était bonne pour creuser un peu plus les écarts.



Après la montagne, dernier CP avant de reprendre des chemins plus plats.

A 10 km de l'arrivée, Laurent commençait à peiner et quand il s'arrêtait pour souffler, je lui disais "Ignace cours en ce moment", cela était efficace car il repartait. Cette fin d'étape se passait sur un chemin aménagé dans les rochers sur le bord de mer avec des endroits paradisiaques, de superbes petites criques où l'eau transparente et turquoise nous incitait plus à la baignade et au farniente qu’à continuer notre effort.

A l'arrachée Laurent me suivait, les "Ignace court en ce moment" fonctionnaient toujours et au bout de la dernière plage, l'arrivée se profilait pour nous marquant la fin d'une superbe étape. Main dans la main nous finissions heureux de notre coup. Ignace arriva seul 20 min après. Plus tard Ernesto et Jean Marie finissaient ensemble, Hervé avait craqué.





Avec Lolo, en duo comme dans l'étape.






Sans chaussures, pas de sac à dos, un peu de détente sur cette superbe petite plage.










Ernesto et Jean Marie, le sourire aux lèvres comme d'habitude


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En attendant le minibus, c'est le moment de se restaurer à l'ombre de notre barnum d'arrivée.







Cela n'empêchera pas le soir, la petite bière toujours de mise entre nous tous. Supers moments de se retrouver comme cela après une course dure où rien ni personne pouvait nous priver de ces moments chaleureux. Ce milieu est vraiment exceptionnel et je ne vois pas de discipline sportive où je pourrai retrouver cette ambiance et cette convivialité.



Discussions entre Léo et Lolo.






Difficile de trouver sa brosse à dents dans ce fourbi ! N'est-ce pas Hervé ?






Plus de poils sur le menton que sur la tête d’Ernesto, mais les courants d'air étaient en haut, alors...




Septième jour.
46 km pour une sixième étape (Estartit - Empuriabrava) au "faible" kilométrage, qui nous proposait toutes sortes de terrains, plages, goudrons, sentiers, quelques petites ascensions, paseos, le tout sous un beau soleil, une belle étape de "transition" avant la grande étape du lendemain. Des "fuites" dans le campement nous avaient prévenus d'une étape de plus de 70 km, avec en prime les Pyrénées !!!






Départs matinaux et toujours ces superbes ambiances lumineuses.



C'est groupés que les premiers kilomètres s'effectuaient. A mi-course, le petit groupe éclata sous l'impulsion de Laurent qui voulait passer Ignace au classement. Je ne répondais pas à son accélération, car mon but était de contrôler Ignace. Parti le Laurent, on ne le reverra qu'à l'arrivée. Après pas mal d'hésitations sur la fin du parcours dans une réserve d'oiseaux, Hervé nous rejoindra et tous les 3 nous sortirons de cette réserve après pas mal de péripéties pour trouver le pont qui devait nous mener vers les derniers paseos de l'étape. N'ayant pas revu Laurent et ne sachant pas s'il était devant ou peut être perdu comme nous, Hervé voulait de nouveau une victoire d'étape et accélérait sans cesse l'allure.

Cela nous faisant rigoler avec Ignace et je lui dis "Si tu veux la victoire, il faut que tu ailles la chercher !" Alors Hervé se mit à accélérer encore, mais pas franchement et je rajoutais "Plus vite, ne nous donne pas l'occasion de te faire le sprint !" Alors là il nous fit le dernier kilomètre comme un dératé, pour finalement apercevoir au bout du dernier paseo où se trouvait l'arrivée, Laurent assis sous le petit chapiteau bleu final. Cela nous a bien fait rire avec Ignace.



L'étape n'étant pas très longue nous sommes arrivés de bonne heure au camping. Après une bonne douche tout le monde se reposait un peu plus que d'habitude. Pour la première fois une certaine tension se faisait sentir. Pas une tension entre coureurs, mais nous pensions tous à l'étape du lendemain qui s'annonçait très difficile. Le balisage avait duré 2 jours et cela n'était pas très bon signe pour nous.






Au calme ce camping, il nous fallait bien ça pour préparer l'étape du lendemain.



Fifi profite de cet après-midi pour faire un peu de ménage, mais que c'est dur de se relever !






Position allongée, la vue n'est plus la même !



Une bonne occasion pour étendre notre linge, car pour la première fois nous n'étions pas sur le bord de mer et à l'intérieur des terres l'air y est moins humide. Très vite après avoir soupé, la soirée s'achevait rapidement et avant 21 h tout le monde était couché car le réveil était fixé à 4 h en prévision de cette longue journée, pour un départ à 6 h !!!




8ème jour.
Après le petit déjeuner, remise habituelle du road book de cette 7ème journée de course. Les fuites se revélèrent bonnes : 72 km plus les Pyrénées de Figueras à Montesquieu-les-Alberes. 14 km de goudron et le reste dans des sentiers pour la plus part caillouteux !!! Cela ne s'annonçait pas terrible du tout pour moi. Autant j'attendais cette étape pour la distance, autant maintenant je peux la redouter pour son terrain... " Où est mon sable du désert ? " !!!

Petit transfert en minibus pour aller au départ de l'étape et pour cette fois pas de plage, directement dans le vif du sujet : chemins caillouteux ! Grrrrrr.



Une surprise de taille nous y attendait, nous avions un concurrent de plus pour cette étape. Christophe avait passé le flambeau à Gégé pour le repérage de la future étape et il décida de la faire avec nous (après plusieurs fois Millau, le Marathon des sables) c'est toujours un coureur d'ultra. Casquette à la Hip Hop, il partait avec nous pour cette longue journée. 6 heures pétantes, le départ était donné. Ernesto mena le peloton immédiatement et au bout de 2 km environ les chemins devenaient de plus en plus casse-pattes. Des cailloux de partout, il fallait choisir à chaque pas où mettre les pieds. Très vite, mes genoux allaient coincer, cette instabilité me faisait mal et je devais ralentir et faire très attention.

Au bout de 10 km je laissais le petit groupe s'éloigner devant moi, la journée s'annonçait très difficile et j'allais devoir faire toute l'étape en solitaire. A ce moment là, une mise au point devait être faite dans ma tête. Qu'est ce que j'étais venu chercher sur ce raid ? Participer, aller au bout, faire une place si c'était possible, finir coûte que coûte, vivre une aventure ? Beaucoup de questions et peu de réponses, certainement un mélange de tout.



Mais un fait était là, j'étais en course et il fallait que je m'attende à avoir mal dans les moments les plus redoutables pour moi que seront tous ces kilomètres de descente ! CP1, 10 minutes de retard sur le premier et tout de suite après le CP, se trouvait une descente d'un kilomètre environ sur route et déjà des douleurs sur le haut des pieds se faisaient ressentir. Le prémisse de deux périostites (à force de faire toutes les descentes les jambes contractées comme des battons, les chevilles avaient de plus en plus de mal à tout amortir) m’ oblige à marcher !






Un moment difficile où la gamberge fonctionne pas mal !



Dès le premier sentier je repartais en courant. Je décide de gérer ma course à un rythme pas trop élevé tout en restant prudent sur tous les chemins caillouteux, sans m'occuper des autres. Attendre le dernier CP et voir comment cela irait pour essayer de finir fort si je le pouvais. Les kilomètres passèrent et arriva le col de Manrell où se situaient en haut le CP3 (44ème km) et la frontière. L’ascension se faisait sur route, la pente était régulière et j'arrivais à la monter en courant, pas bien vite mais régulièrement. Je rattrapais Christophe qui marchait, une petite pause avec lui pour se dire 2/3 phrases et je repartais pour aller en haut.



CP3 et 25 min de retard sur le premier Laurent ; il s'envole le Lolo. Plus les jours passaient, mieux il était. La vue était superbe avec au loin la Canigou encore enneigé. Un CP3 avec un menu : saucissonnade, charcuterie, fromage, vin etc... Le petit cadeau de Christophe, qui lui en profitera, car en y arrivant il fera une pause un peu plus longue que les concurrents. Après ce CP, s'en suivra une série sans fin de petits cols, montées caillouteuses et de descentes acrobatiques pour moi. Et toujours cette peur pour mes genoux ! Jambes contractées, seules les chevilles travaillaient. Combien de fois, je me les suis tordues !!! Et ces périostites qui me montaient de plus en plus haut sur les tibias. Mais je tenais quand même mon rythme car musculairement je me sentais bien et les cuisses poussaient fort dans les côtes.



Juste avant d'arriver au Fort de Bellegarde où se situait le CP4 (au 58ème km et dernier CP), je pouvais apercevoir dans la montée à 500 m devant moi Hervé et Jean Marie. Cela me boostait un peu et je les croisais aux abords du CP4, eux partaient et moi j'arrivais. Après celui-ci se trouvaient quelques centaines de mètres de descente à 17% sur goudron et là j'ai vraiment dégusté avec les périostites : j'avais l'impression que l'on me donnait des coups de hâche dans les tibias à chaque foulée, la douleur était tellement forte que je ne sentais même plus celle des genoux !!! Ces derniers 14 km furent très pénibles, je m'accrochais et courais toujours, mais de moins en moins vite. De plus, dans cette dernière portion les pistes étaient très accidentées, et à la fin de l'étape lors du dernier km sur la route, c'est comme un automate que je l'effectuais, les larmes de douleurs dans les yeux.







Enfin sur un petit parking l'arrivée où je me suis écroulé de douleurs. Après avoir un peu récupéré, j'ai demandé les écarts, je perdais seulement 25 min sur le premier. J'avais peur d'avoir pris une grosse valise, les 6 premiers se tenaient en 25 min... sur 72 km !!! Décidément, la fin du raid s'annonçait très serrée.



Rapidement, nous prenions le minibus pour rejoindre le campement. Après la douche, le moment était venu d'aller voir rapidement le docteur pour évaluer les "dégâts" et me soigner pour le lendemain. Mais le doute était là pour moi, comment seraient mes tibias ? Pourrai-je repartir ?

Ce soir là l'idée d'un abandon était fortement présente dans ma tête, mais le peu d'écart concédé sur cette étape me laissait toujours la possibilité d'accrocher le podium. Si l'écart avait été plus grand, je ne sais pas quelle aurait été ma décision. Pour le moment, j'attendais de voir le lendemain pour prendre une décision. Mais je n'étais pas le seul à être de "travers", Laurent eut une contracture à la cuisse sur la fin de l'étape, Ignace commençait à souffrir des genoux lui aussi, Hervé éclairait le sol avec ses ampoules !!!

Par contre Léonard, lui allait mieux, souffrant d'un début de périostite en début d'épreuve, celle-ci ne s'aggravait pas et son moral remontait. Un mot aussi de Marianne Blangy ou "Mimine" la seule féminine de l'épreuve qui, avec son compagnon Philippe Grizard, terminait souvent plusieurs heures après nous. Derniers arrivés au camping avec le 2ème voyage du minibus, ils avaient beaucoup de mérite, car cela signifiait peu de repos pour eux, quand ils arrivaient au camping c'était souvent l'heure de souper. Une douche vite faite, à table puis couchés : dur dur !!!






Pour Mimine, la fin de la montée approche.. un petit regard en arrière et ça repart.

Ce soir là avant de se coucher, le ciel était chargé et la nuit s'annonçait humide !!! C'est vers 21h45 que je commençais à entendre les gouttes tomber sur la tente, doucement puis violemment de temps en temps, mais la pluie ne s'arrêtait pas. Difficile de s'endormir, un petit quart d'heure par ci, un autre par là, la nuit était mouvementée, de plus quand mes pieds se coinçaient dans le fond de mon duvet, ils me faisaient gémir de douleur !!! Toute la nuit sans interruption ce fût des trombes d'eau entrecoupées de pluie fine.




9ème jour.
Après une nuit perturbée pour tout le monde où certain la passèrent dans les toilettes du camping (leurs tentes furent inondées), le lever se faisait sous le déluge. Première journée où les rires ne se faisaient plus entendre, où l'ambiance était morose. Les affaires étaient trempées, le moral de chacun n'était pas au top. Comment allions-nous retrouver nos affaires le soir ? Renseignements pris auprès de la météo, cette pluie devait durer au minimum toute la journée. Chacun avait plus ou moins la volonté de faire l'étape, quelques uns oui, les autres non.



Christophe, lui désirait la faire, mais après concertation il nous laissait le choix de décider entre nous et de procéder au vote. Après une discussion où chacun donnait son avis (pour ma part, courir sous la pluie ne me dérangeait pas, sous le déluge un peu plus. Partir trempé enfoui dans un sac poubelle et avec le sac à dos... heu, pas vraiment mon truc. De plus ne pas faire l'étape m'arrangeait bien avec mes tibias mal en point, donc pour moi, c'était : annuler l'étape), mais la décision de la majorité était de partir. A ce moment Ignace nous signifiait qu'il abandonnait la course !!! Un épais silence momentané était palpable. Ses raisons le regardaient et il fallait respecter son choix.



Christophe partit alors en reconnaissance sur le parcours pour voir s'il était praticable. Il retarda le départ à 10 h au lieu de 8 h. Nous devions nous préparer, mais attendre son appel téléphonique pour nous dire si le départ avait bien lieu. Car un doute subsistait quand même sur le côté praticable du parcours. A 9 h environ, la décision fût prise par Christophe : étape annulée. Trop de problèmes et de difficultés sur le parcours, beaucoup trop d'endroits inondés.



C'est alors qu'une autre course commença pour l'organisation, celle de trouver un refuge pour la journée et la nuit suivante pour les coureurs et tout le staff. Inutile de penser au camping prévu, tout était inondé dans la région, il leur fallait trouver autre chose. Là, ils ont fait fort, car une demi heure plus tard, les coureurs avaient des maisonnettes dans un camping et une grande salle était trouvée pour le staff et la cuisine. C'est donc en minibus que nous avons effectué notre étape et en fin de matinée nous étions tous installés à l'abri. C'était une occasion pour sortir nos affaires et d'essayer de faire sécher notre linge. Malheureusement pour nous il n'y avait pas de chauffage dans notre studio d'été !!! Tant pis, nous avions un toit et c'était déjà super, car cette pluie tombera à seaux toute la journée !!! Repos, soins, discussions entre nous, l'après midi passa rapidement. Le soir les minibus nous mèneront à la salle où se trouvaient tout le staff et Chantal notre grande cuisinière (par le talent).



Encore un repas festif nous y attendait, bien au chaud. Une surprise arriva au milieu du repas, une "VAMPE" faisant sont apparition !!! Que venait faire cette mamie dans un endroit pareil !!! Le jeu des devinettes commença, mais qui était cette personne ?... C'était Annick, une revenante de l'année précédente, venue nous faire un petit coucou et effectuer les deux dernières étapes en notre compagnie. Une surprise sympa faite par une "nana" super sympa ! Au milieu de la soirée la pluie cessa enfin. Il était temps pour nous de rentrer à nos studios (humides) pour dormir car il y avait bien une étape à faire le lendemain. Derniers soins et au lit sous un bon toit.

10ème jour.
6 h, cocoricooo !!! Le portable de Léonard nous réveillait au son du coq. Après un journée de repos, mes tibias étaient un peu moins douloureux mais très sensibles au toucher. Je souhaitais au fond de moi que cette journée se déroule tranquillement. Qu' Ernesto abandonnerait son idée de revenir au classement sur Laurent et moi.
7 h 30 : tout le monde était prêt car les minibus nous attendaient pour nous emmener sur le lieu du départ. Le road book nous indiquaitt 53 km pour cette avant-dernière étape allant de Cabane de Fleury à Marseillan essentiellement sur goudron.

Enfin le soleil était là, pas la grosse chaleur, mais il faisait bon pour courir et Ernesto, lui courir il en avait envie. C'est rapidement qu'il prenait la tête du peloton avec Jean Marie, pas le temps d'apprécier le paysage, ça roulait vite, je suivais au départ. Mais très vite au bout du 2ème kilomètre je ne pouvais plus rester avec eux, les périostites étaient là et bien là. Laurent et Hervé me dépassaient, il me fallait encore gérer mes douleurs en adaptant mon rythme de course en fonction de celles-ci. Au 5ème km, plage de sable, les chocs étaient moins durs, la foulée plus courte et la douleur un peu moins présente et c'est avec Léonard que j'effectuais ces 2 km de sable, ironie du sort, nous étions à ce moment là les deux premiers, car les 4 de devant avaient tiré tout droit sur la route !!!



Laurent et Hervé firent demi-tour pour reprendre le bon tracé, mais Ernesto et Jean Marie allèrent par la route. Au CP 1 (15ème km), ils avaient déjà 22 min d'avance !!! Je n'étais pas très heureux, un peu en colère et je posais auprès de l'organisation une réclamation sur les deux coureurs. Je ne comprenais pas pourquoi Lolo et Hervé étaient revenus sur le bon chemin en faisant marche arrière et pas eux, on ne gratte pas du temps de cette manière !!! Bref, Laurent me rejoignait et c'est ensemble que nous repartions du CP1. A son tour, c'est lui qui m'encourageait, je m'arrachais déjà pour le suivre. Les 10 kilomètres suivants s'effectuèrent à vive allure, Lolo me disait même qu'à ce rythme on ne tarderait pas à les rattraper.



Encore une allure rapide, mais dans la souffrance... Bientôt Laurent partira devant pour la victoire.



Les douleurs étaient redevenues trop violentes. Je savais maintenant que je ne serai plus premier ce soir, le moral venait d'en prendre un coup. Je dis à Laurent "vas-y, je n'en peux plus, la première place est pour toi, ne m'attends pas". Deux minutes plus tard, je m'asseyais sur le bord du chemin pour...... fumer un petit cigare !!!! Moralement j'en avais besoin, puis je me suis mis à remarcher doucement le long du canal du Midi. Plein de choses tourbillonnaient dans ma tête, puis je me suis remis à trottiner, la marge avec Ernesto n'était pas énorme et en m'accrochant je pouvais peut-être essayer de rester deuxième. Vraiment complexe que la machine humaine, cinq minutes auparavant j'étais prêt à abandonner et me voilà maintenant en train de recourir !!! Une allure régulière, pas très rapide, mais j'avançais, le moral revenait petit à petit, mon remède cigare avait marché !!!







Après le CP3 à Agde au 41ème km, c'était la dernière ligne droite vers l'arrivée. Encore une douzaine de kilomètres, le vent nous poussait dans le dos et je ne sais pas pourquoi, cette route me plaisait bien, j'augmentais la foulée progressivement et plus j'avançais vite, moins la douleur se faisait sentir. Je devais courir à 13 km/h environ, c'était super et très vite j'arrivais à Marseillan sans m'en rendre compte !!! Je ne perdais que 25 min sur Ernesto, le coup était encore jouable pour la 2ème place, car Lolo lui, me passait devant.

Le transfert jusqu'à Frontignan se fit rapidement jusqu'au camping. Là, une bonne surprise nous y attendait, des mobile-homes nous y attendaient. Super ces trucs là, le vrai confort. Douche et soins pour préparer la dernière étape dans les meilleures conditions possibles. Le classement final s'y jouerait, mais cela ne nous empêcha pas de tous nous retrouver dans notre home de luxe avec une bonne bière et plaisanter ensemble. Derniers moments de camping entre coureurs et staff pour cette soirée. Beaucoup de gens de l'extérieur commençaient à venir sur le campement ce soir là. ÿà sentait "l'écurie", Montpellier n'était pas loin. Christophe, nous annonça pour le lendemain que le départ se ferait en deux fois, les moins rapides partiraint à 6 h 30 et les autres à 8 h. Il fallait que tout le monde soit à peu près à la même heure à Montpellier, car les "officiels" ne pourraient pas rester longtemps à l'arrivée. Donc notre arrivée d'étape chronométrée s'effectuerait à 3 km de Montpellier et une fois que tout le monde en aurait fini avec l'étape, c'est tous ensemble que l'on rejoindrait le centre ville pour l'arrivée officielle du raid. Une fois toutes ces explications faites, le temps était venu pour nous tous d'aller dormir sur un bon matelas, un vrai !!!




11ème jour.
Neuvième et dernière étape, Frontignan – Montpellier : 45 km. A notre réveil, c'était déjà l'effervescence dans le campement, les premiers à partir étaient déjà debout depuis un bon moment et presque prêts. Nous savions déjà que l'étape ne serait pas de tout repos car le massif de la Gardiole était tout de suite au programme. Je voyais Ernesto un peu tendu, il nous préparait un "sale" coup !!! Petit transfert jusqu'au lieu de départ au pied du massif. Dernières plaisanteries, Christophe était là pour nous souhaiter bonne route et nous dire de profiter de tous les paysages et panoramiques que pouvait nous offrir ce massif. Heu... Christophe tu as oublié de le dire en espagnol !!!







Car Ernesto, lui apparemment s'en fichait complètement des paysages, il partit comme un avion sur les chemins pierreux de ce massif avec une montée impressionnante dès le départ au bout de 500 m !!! Tout de suite mes douleurs étaient là, ça commençait très mal, mais il fallait rester calme, je devais faire ces 43 km en gérant, car avec 1 h 15 d'avance, cela devait suffire pour garder ma 2ème place. Cela annonçait tout de même 43 bornes de galère !!! Beaucoup de montées, de descentes sur des chemins plus ou moins caillouteux, deux raidillons de 200 m environ à 30 % !!! Mais c'est vrai qu'il était superbe ce massif et les vues magnifiques. C'est ici que s'entraînait Fadi, le doc de l'épreuve, le veinard.



Avec le soutien de Philippe (un des 2 docteurs) je fis cette fin d'étape avec une seule idée en tête, la ligne d'arrivée finale.



Dernier CP, dernier ravitaillement... plus que quelques kilomètres !



Une fois sorti de ce massif (21ème km) je rejoignais Hervé qui commençait à souffrir d'un mollet. Ensemble nous finissons cette étape qui maintenant ne nous proposait que du plat entre goudron et chemin de terre le long du Lez. Jacques le traceur venait à notre rencontre à 3 km de l'arrivée, sa présence nous rassura sur la fin imminente de l'étape et surtout du raid.



Quel soulagement ces derniers kilomètres, la fin du calvaire approchait, car pour la première fois je connaissais vraiment la souffrance physique, pas celle d'un épuisement, d'un état de fatigue générale, d'ampoules etc... ÿà c'est notre lot à tous et cela fait parti de ce type d'épreuve, mais d'une souffrance qui fait MAL.







Plus qu'une dizaine de marches et l'arrivée était là, des larmes de délivrance ou de douleur me sont venues et c'est sous les applaudissements de tous mes confrères qui me réchauffaient le coeur que j'en terminais. Congratulations, embrassades, c'était la joie entre tous, la communion était totale.















Au bout de 5 min, le nouveau départ collectif était donné, d'abord en marchant puis en trottinant. C'est unis dans la même joie que nous effectuons les 3 derniers kilomètres qui devaient nous mener jusqu'à l'Hôtel de Région de Montpellier où nous attendaient spectateurs, bénévoles et officiels pour franchir la banderole définitive marquant officiellement la fin du raid.















Quel bonheur ces derniers cent mètres effectués tous main dans la main et c'est sous les applaudissements de tous que nous mettrons un terme à ce 2ème Raid Montpellier – Valencia. C'était le moment des retrouvailles, femmes et enfants pour certains, amis ou copains pour d'autres, une immense joie règnait sur cette aire d'arrivée. Christophe était heureux, radieux, il embrassait tout le monde, SON raid était terminé. Il a connu beaucoup de péripéties, de problèmes et j'estime qu'il a répondu présent à chaque moment difficile sans jamais s'affoler (apparemment), d'une réactivité exemplaire. Il a tout pour être un grand organisateur. Son staff aussi, je pense qu'ils n'y seront pas tous à chaque édition, mais un grand merci à eux pour leur gentillesse, leur disponibilité, leur soutien, tous ont été super avec nous et ont effectué un boulot énorme sur les campements. Merci à tous.



Après les discours protocolaires, remise des trophées et séances photos, un pot de l'amitié clôturait cette course sous un soleil radieux.






La ligne franchie, l'étreinte fraternelle entre Laurent, Ernesto et moi, un pur moment de bonheur, c'est ça le GRAND sport !






Les finishers de ce 2ème RMV en compagnie de son créateur et organisateur Christophe Médard.






Le podium de ce raid, maintenant place aux sourires après de durs moments.


















Mais la journée n'était pas finie, après avoir été conduis à l'hôtel dans le centre de Montpellier, nous devions tous nous retrouver le soir pour le banquet final. Franches rigolades, discussions acharnées sur le raid, remise des récompenses, discours du "boss", orchestre, super repas, enfin tout était présent pour clôturer cette superbe aventure sportive et humaine qu'est ce Raid Montpellier – Valencia, longue vie à lui et merci pour tout Christophe.









La fin d'une grande et belle aventure était venue, des moments forts d'amitié me resteront de ce raid. Si vous en avez la possibilité faites-le, il va être raccourci à 8 jours et sans étape de repos. Cela ne pose, à mon avis, aucun problème.

"Le corps s'adapte, il suffit de le ménager sur la durée".