Tout est dans la tête : le rêve d'abord, la réalisation ensuite...
il suffit de se dire "je peux le faire"... et de le faire !

TRANS 333 - 333 km non stop - Inde - Novembre 2003

 




Dites 33... non... 333 !


Initialement prévue au Niger, la TRANS 333 s'est finalement déroulé en Inde aux pays des Maharadjahs dans la province du Rajasthan.


La TRANS 333 est une course non stop de 333 km, pour une traversée du désert du Thar, reliant les villes de BIKANER à JAISALMER à effectuer dans un temps inférieur à 108 heures. Des ravitaillements sont prévus tous les 22 km.

Après 168 km en Jordanie, puis 200 km en Mauritanie, me voilà sur une distance de 333 km !!! Je connaissais "dites 33 docteur !" mais 333... Il y a deux ans et demi en arrière, je ne pouvais même pas imaginer que cela puisse exister ! C'est au cours de vacances en Bretagne à Cléder, lors du championnat du monde des 100 km en 2001, que j'ai trouvé une documentation sur cette course. Elle était là parmi tant d'autres, mais je l'ai prise je ne sais pas vraiment pourquoi, et je l'ai gardée dans un coin chez moi. 

Maintenant je sais pourquoi, je pense que c'était ma destinée : tout simplement de me retrouver là sur cette course. Une nouvelle aventure pédestre hors norme, dans un pays hors norme lui aussi, plus d'un milliard d'habitants !


Vendredi 28 et samedi 29 novembre 2003.
Après un long voyage aérien : Nice/Paris - Paris/Amaan - Amman/Delhi, c'est en 7 heures de car que nous avons rejoint la ville de Bikaner, point de départ de notre grand défi.
Un voyage en car qui s'avéra fort impressionnant, car la manière de conduire des indiens est très simple : en plus de conduire à gauche, ce qui change tous nos repères, pas de code, c'est le plus gonflé qui passe !!! Quelques moments de tension assurés dans le car !





Comme accueil, on ne pouvait pas mieux espérer. Un gigantesque palais de Maharadjahs, dont une aile servait d'hôtel nous était réservée. On était là comme des princes au pays des mille et une nuits, mais c'était surtout pour UNE nuit qu'on était là. 






Après une installation rapide dans la chambre (enfin plutôt un grand studio) nous avions tous rendez-vous dans une des salles aux trophées (de chasse) pour le briefing de la course. C'est à ce moment qu'Alain GESTIN (organisateur) nous fournit les explications sur le changement apporté à la course : la distance serait bien de 333 km , mais elle se ferait sur route !!!

Nous, qui nous nous étions préparés à effectuer une traversée de désert dans le sable, quel revirement ! Déconcertant et déstabilisant, mais je pense que l'on doit savoir s'adapter à toutes les conditions, même si pour moi ce fut plutôt un handicap, car le bitume avec mes genoux !!! Après de fortes moussons, le Désert de Thar était devenu quasiment impraticable. Aussi, lâcher les concurrents dans cette "poudreuse" aurait été suicidaire, très peu de compétiteurs en auraient terminé. Donc va pour la route. 
















Après un repas bien épicé (moi qui ne supporte pas de manger épicé, même pas une goutte de vinaigre dans ma salade à la maison, là j'étais servi !) dans la grande cour de ce palais, agrémenté de danses locales, il était grand temps d'aller se coucher, car après ce long voyage, nous étions tous un peu KO et le départ était programmé pour le lendemain matin à 9h00. 




Dimanche 30 novembre 2003.
7h30, levé et petit déjeuner. Dernière vérification du sac à dos et des petits sacs pour les ravitaillements (qui pour ma part ne me serviront pas, car les ravitaillements prévus par l'organisation étaient largement suffisants) à déposer dans la grande cour à partir de 8h00.





Ceci fait, tout le monde se retrouva devant le palais pour un départ donné devant sa monumentale entrée.



La traditionnelle photo de famille... euh... non, de la "tribu" comme le dit l'organisateur et c'est à 9h15 précises que le départ de cette énorme course fut donné sous les les "hip hip houra" des coureurs. 






Dès le départ, je me portais en tête du peloton car je ne voulais m'occuper de personne et j'avais décidé d'essayer de faire la course aux avant – postes de bout en bout. Ceci malgré 3 mois d'arrêt complet (toujours à cause de mes genoux) après les 24 heures de Brive. Mais dès septembre, j'ai pu faire une bonne préparation sans trop de problèmes et je me sentais assez costaud pour réussir ce challenge, si mes genoux tenaient le choc (enfin les chocs du bitume !). Donc un gros pari, osé même car cette distance m'était inconnue, mais je commence à prendre un peu plus confiance en moi après mes résultats de l'année.

Dès la sortie de la ville de Bikaner je me retrouvais seul en tête et les 40 premiers kilomètres se passèrent sans aucun problème. 












A partir de cette distance, je ressentis des douleurs dans le bas ventre et décidai donc de ralentir un peu la cadence pour rejoindre le CP 2 et voir comment ces maux de ventre allaient évoluer. Arrivé au CP, je fis un break d'une dizaine de minutes et repartis doucement.


Durant les kilomètres suivants, les douleurs devenaient de plus en plus violentes, comme des coups de couteau dans le ventre. C'est à partir de ce moment que la galère commença (les repas épicés de la veille faisaient leur effet).



Ce fut des arrêts incessants derrière les buissons, vous devinez pour quoi faire, et ce fût comme cela jusqu'au CP 3 situé au 66ème km. Je suis arrivé à ce CP sans jambes, plus de force, et moralement pas très bien. Je voyais les autres concurrents passer devant sans pouvoir réagir !
Alors je décidais de m'alimenter et de boire copieusement, et de faire l'impasse sur le CP suivant, afin de le rejoindre tranquillement en marchant. Essayer de me refaire une santé devenait la priorité, en me disant que la course serait encore longue et que beaucoup de choses pouvaient encore se passer.


Petit à petit, je sentais mes forces revenir et c'est au 75ème km que je me remis à courir. La fraîcheur de la nuit aidant, je commençais à refaire mon retard et à remonter les concurrents un par un.


La vie d'un CP...















C'est ainsi qu'au 110ème km, j'étais remonté jusqu'au deuxième, Francis MAGONI. Nous étions partis sans le savoir encore, pour une longue chevauchée de 220 km. Ce fut une première nuit commune où nous avons appris à nous connaître dans la fraîcheur indienne, aux alentours de 4/5°.



Francis et moi au lever du jour, encore bien emmitouflés sous le regard d'un spectateur attentionné qui avait pris de la hauteur ! 


Toujours handicapé par ces envies, c'est une course en "fractionné" que je fis. Impossible d'aller vite dans ces conditions et comme Francis, mon "CLONE", ne souhaitait pas aller trop vite non plus, nous fîmes un course tranquille toute la deuxième journée, alternant course à pied et un peu de marche, car la chaleur, avec une température supérieure à 35°C voire un peu plus au niveau du bitume, ne nous incitait pas à faire de grandes chevauchées. 










Petit dialogue entre Alain GESTIN l'organisateur, Francis MAGONI et moi même sur nos projets de course pour la deuxième nuit à venir.



Quelques scènes rencontrées sur notre parcours.



















La deuxième nuit arriva comme une délivrance, sa fraîcheur allait faire du bien à nos organismes. Au bout de deux jours et une nuit de course elle agissait un peu comme un anesthésiant sur nos muscles. C'est ainsi qu'après le CP 9 (200ème km) nous repartions assez facilement.


Au bout de quelques kilomètres, mes ennuis gastriques un peu oubliés et des jambes assez fringantes, l'allure s'accéléra progressivement. Pensant que le premier n'était qu'à 2 heures et demi devant, je dis à Francis "on y va, on essaie de refaire notre retard" mais l'allure commençait à devenir trop rapide pour lui et il me conseilla d'essayer seul.
Après un moment d'hésitation, car nous nous étions dit que nous finirions ensemble, je lui répondis "j'essaie de voir comment j'avance jusqu'au prochain CP, et si je vois que c'est jouable je continue, et si ce n'est pas le cas je t'attends au CP et on finit ensemble".



Donc me voilà parti seul, il me restait à peu près 120 km pour refaire mon retard. Mais décidément, il était dit que cette "gastro" ne me laisserait pas tranquille. Je ne sais pas si c'est le fait d'avoir changé de rythme, mais les douleurs violentes sont revenues et au bout de 10 km en arrivant au CP 10, à peine le temps de poser le sac à dos que je fonçais derrière la tente du CP pour me vider une énième fois. 

Dommage, mais je ne pouvais pas faire un forcing long de 110 km encore, dans ces conditions. En plus, on avait pris trop de retard dans la journée, car on avait trop flâné et comme le disait Francis "on a fait les vitrines dans la journée !" En fin de compte c'était 3 heures de retard que l'on avait. Alors, c'est ensemble que l'on finirait cette course.
Pour nous maintenant, plus question de maintenir une pression sur le premier, mais de gérer tranquillement notre deuxième place, sans s'occuper du temps qui nous séparait de celui-ci.



Ambiance de nuit dans un "routier local" pour Jacques MOREL.



Au petit jour, après la deuxième nuit. Attention obstacle !



Toute cette troisième journée se déroula tranquillement en alternant 3 km de course et 1 km de marche. Très pratique les bornes kilométriques sur le bord de la route pour se fixer un rythme de course régulier !

Nous ne modifierons presque jamais ce rythme jusqu'à l'arrivée, mis à part bien sûr, de tous les arrêts "buissons" !











La chaleur se faisait plus forte dans cette région de Jaisalmer, qui ressemble un peu plus au décor traditionnel que l'on peut se faire d'un désert de dunes bien vallonné.
Cela nous changeait des 280 km précédents qui ne furent pas très enthousiasmants avec de longues lignes droites, un relief... plat, de la broussaille et des petits arbustes ça et là.


Cela nous faisait penser aux immenses plaines espagnoles.



Enfin, à la sortie d'une bosse, on aperçut au loin Jaisalmer et sa forteresse pour appréhender une longue descente, non pas aux enfers, mais vers cette ligne d'arrivée qui commençait à devenir impatiemment désirée.


Cette dernière ligne droite fut une longue traversée de Jaisalmer, à regarder les flèches vertes sur le sol, "toujours sur la gauche" nous avait-on dit. Nous étions à l'affût, car dans toute cette circulation avec ce va et vient de piétons, vélos, voitures, toutes ces petites traces : on ne voulait pas en manquer une. Des kilomètres supplémentaires, non merci.


Nous avions hâte d'arriver, partagés entre deux sentiments : celui du soulagement d'arriver et celui du regret d'une grande et belle aventure qui se finissait.



Et voilà, devant nous, cette banderole, cette petit ligne verte tracée sur le sol étaient là juste devant nous, le BONHEUR, et c'est main dans la main avec mon "clone" Francis que nous avons passé la ligne d'arrivée. Nous avions tenu notre promesse mutuelle de finir ensemble après 3 jours et 2 nuits de course sans dormir soit 54h50min.
C'est avec une bonne bière bien fraîche que nous avons trinqué ensemble à la fin de cette belle aventure. Aventure marquée tout de même pour moi, d'une légère déception, celle de ne pas avoir pu défendre toutes mes chances dans de bonnes conditions. Mais c'est la course, un jour ça passe, un autre non. 

Quelle course quand même ! Quelle solidarité entre tous ces ultra-runners ! Je suis vraiment heureux de pouvoir partager des moments pareils avec des gens pareils. Un grand coup de chapeau à nos 5 femmes qui ont relevé ce défi, avec des fortunes diverses, mais il faut oser faire ça !!! 



Jeudi 4 décembre 2003.



En compagnie d'Alain GESTIN pour la traditionnelle remise des récompenses le jeudi soir vers 21h00, avec en prime l'ovation faite aux deux derniers concurrents qui sont arrivés à ce moment là, au bout de 107h15, quel courage !!!

Quelques photos d'ambiance...
































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