Tout est dans la tête : le rêve d'abord, la réalisation ensuite...
il suffit de se dire "je peux le faire"... et de le faire !

Badwater - 217 km non stop - USA/Vallée de la Mort - Juillet 2005






A cuire au four...

thermostat 50/55°C !

S’il existe une course extrême dans l'ultrafond mondial qui fait référence, c'est bien à la Badwater aux USA que chacun des coureurs de cette discipline pensera et parlera.




Le décor : la Vallée de la Mort en Californie, sur une route surchauffée à 90°C où la température extérieure est quotidiennement au dessus des 50°C durant le mois de juillet. En y ajoutant un relief qui relie le point le plus bas des Etats Unis (-85 m en dessous du niveau de la mer) à Badwater et son lac salé au point le plus haut de la Californie nommé le Mont Whitney (4400 m), mais avec une arrivée de la course à 2533 m. Sur le trajet de cette épreuve non-stop longue de 217 km, nous rencontrerons un dénivelé positif de 4000 m et un dénivelé négatif de 1430 m que chacun devra réaliser en moins de 60 heures.

La particularité de cette épreuve est que chaque coureur doit avoir sa propre équipe d'assistance, "the crew", qui sera formée d'un minimum de deux accompagnateurs et d'une voiture dont le rôle est d’apporter assistance, nourriture, eau, soutien moral etc... à son coureur, sans oublier son devoir de porter aussi assistance à un autre coureur ou équipage en danger (une qualité humaine de l'ultrafond est l'entraide entre chacun même au détriment d'une performance... en principe).



Ces éléments mis bout à bout, donnent aux premiers abords, un truc assez effrayant et complètement démesuré pour une simple course à pied. Mais les coureurs d'ultrafond fonctionnent essentiellement aux défis et celui-là en est réellement un comme a pu l'être pour moi "la Route du sel 555" dans une traversée du Ténéré au Niger longue de 555 km non-stop.



Cette Badwater, tout coureur de notre petit monde en rêve en secret, la convoite, la désire. Je n'échappe pas à la règle, ceci depuis 3 ans déjà, elle me trotte dans la tête. Mais avant de pouvoir y participer, il faut faire ses preuves, durant d'autres courses d'ultradistance. Car c'est une course sur invitation, chaque coureur doit fournir un dossier complet de son passé sportif et expliquer sa motivation qui le pousse à demander cette invitation. Et c'est en Janvier 2005 que j'ai pu faire cette demande après avoir couru pas mal d'épreuves d'ultradistance qui pouvaient me permettre d'avoir la chance d'être retenu par le comité de sélection de cette épreuve.



Arriva ce fameux jour de mi-février où un mail venant des Etats Unis me confirma cette sélection, me donnant donc le feu vert et le départ pour une grande aventure.

Dès lors, tout devait aller vite, la recherche de sponsors, l'organisation du voyage et la confirmation de mon équipe d'accompagnateurs qui se limitait à deux personnes au regard du budget qu'il me fallait trouver. Pour cette "crew member" comme ils disent là bas, j'avais déjà un peu anticipé sur ma sélection et c'est en Novembre 2004 après la 555, que je demandai à Philippe Billard et à Michael Micaletti, tous deux ultramarathoniens, s’ils acceptaient de m'assister dans cette épreuve dans l’hypothèse d’une participation en 2005. Leur réponse ne se fit pas attendre, car même si on ne court pas une telle épreuve, la vivre de l'intérieur est une expérience unique et c'est un OUI massif que je recevais de leur part. Ce côté de la "crew" étant réglé, me restait donc à trouver le budget (7000 euros environ pour 3 personnes) par l'intermédiaire de sponsors pour arriver à mettre sur pied ce voyage. Une dure épreuve que celle-ci.



Pas facile d'intéresser des entreprises à notre sport qui n'est pas médiatisé en France. Et c'est vers de petites entreprises locales, beaucoup plus réceptives, que je me tournais pour trouver ces fonds. Celles qui me suivent régulièrement depuis maintenant 3 ans sont restées fidèles à ces valeurs que je représente à travers mon sport que sont abnégation, volonté, endurance, persévérance, courage, amour du défi... Je dois vraiment les remercier, car sans elles, point de courses, point de rêves réalisés. Cependant ce fut avec difficultés que j'arrivais à peine à boucler ce budget. Budget qui fit tout de même défaut au niveau logistique et matériels à posséder sur ce genre de course. Tout était prévu au minimum, limite parfois, mais notre entente à 3, déterminante, et permit de faire passer pas mal de choses matérielles au second plan.

Durant les 3 mois précédents l'épreuve, je devais jongler entre travail, vie de famille, recherche de partenaires et entraînement. Ce fût une période assez dure, car physiquement je n'étais pas au point, mes problèmes gastriques et intestinaux rencontrés au Niger continuaient et me perturbaient beaucoup durant ma préparation et la récupération. Tout se faisait sans trop de plaisir et après des examens à l'hôpital et un traitement médical juste avant la course, c'était préparé à 70% environ que je partais aux Etats Unis.

Tout commença le Mardi 5 Juillet 2005.



Voilà, maintenant j'y suis, le compte à rebours a commencé au moment où je suis allé récupérer Phil et Michael à la gare d'Antibes le mardi 5 juillet à 15 h. A la maison en fin d'après midi, nous fîmes un point sur le voyage, le matériel de course, la vidéo (appareil photo et caméra) et lister ce qu'on allait devoir acheter sur place. Bref, un petit briefing dans la bonne humeur qui annonçait une bonne ambiance entre nous trois, car chacun de nous partait dans l'inconnu et ne voulait pas trop se stresser bien avant l'heure. Notre "crew" resterait dans cette dynamique de bonne ambiance, de rigolade et de camaraderie durant tout le séjour, ce qui fût certainement déterminant pour la réussite du but fixé pour la "crew", c'est à dire de franchir la ligne d'arrivée. Notre leitmotiv serait celui là : la ligne, la ligne !!!







A la maison, première revue de détails... ça s'annonçait délirant !

Mercredi 6 Juillet 2005.

Notre envol de l'aéroport de Nice ce mercredi à 10h45, fut le début d'un long voyage qui devait nous emmener dans un premier temps à New York où une escale de 7 heures nous y attendait avant de reprendre un avion pour Las Vegas, lieu de notre point de base pour tout notre séjour.



L'attente à NY ne nous parut pas trop longue, entre repas, petits tours, discussions et observations sur la vie américaine, le temps passa relativement vite. Michael se paya même le luxe de subir une première approche masculine dite entre nous de "copine" d'un américain certainement à la recherche d'une âme soeur !!! Cela l'énerva un peu, mais cela nous permis de bien rigoler.



Ce voyage se termina donc vers minuit heure locale à Las Vegas, mais avec un décalage horaire de 9 h en moins sur la France, nous restions dans le même jour. Là, à l'arrivée dans cet aéroport, aucun doute ne subsistait sur la ville où l'on était. Machines à sous de partout, nous étions bien parvenus à notre destination : dans l'univers du jeu. Après avoir récupéré nos bagages et reçu un gros coup de chaleur (température voisine de 38°C) en sortant de l'aéroport, c'est en taxi que nous rejoignions l'hôtel vers 2 heures du matin.







Aéroport de Nice, le premier contrôle d'une longue série.







Michael prêt pour prendre son envol...







Séance "écriture"... obligation de remplir les fiches pour rentrer aux Etats Unis.







Ici, on n’a pas le droit d'entrer... "Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais"... N'est ce pas Madame !



Premier Rendez-Vous avec l'aéroport JFK de New York.







Comme quasiment partout dans les lieux publics, il est interdit de fumer aux USA, alors c'est dehors pour le petit cigare... et re-contrôle à chaque fois !!!







Notre premier repas à l'américaine... Un Burger King !!!



L'attente est longue... Une occasion pour étudier encore et encore le plan de la course et les divers éléments du dossier Badwater.







Dans l'avion qui nous mena à Las Vegas, la TV annonçait déjà "Ufo, réalité ou fiction ?"... Mais c'est bien une réalité m'sieur le présentateur... 3 UFOS (Ultrafondus) vont débarquer chez vous dans 2 heures !

Pas de doute possible, au bout de 25 heures de voyage, nous étions enfin à Las Vegas.












Jeudi 7 Juillet 2005.


Après cette nuit raccourcie, nous prenions tranquillement nos marques dans notre chambre d'hôtel où nous allions rester pas mal de jours. Dès notre sortie de la chambre pour le petit déjeuner, aucun doute sur les températures locales qui nous attendaient, ça cognait dès les premières heures... Enfin il fait chaud tout le temps, nuit et jour. Dans la matinée, nous allions récupérer la voiture de location réservée pour nous par un sponsor, qui était à notre disposition proche de l'aéroport. Notre choix se porta sur une Chevrolet Malibu V6 - 3,6 L. C'est gros, mais pour là bas c'est rien, avec un haillon arrière, plus pratique pour la course qu'un coffre classique de berline. Premier contact avec une voiture automatique où le pied gauche ne sert plus à rien.







Taxi pour tout le monde, pour aller chercher notre superbe Chevrolet chez le loueur ALAMO qui se trouvait près de l'aéroport.







Dans l'après midi, nous fîmes les achats de nourriture en prévision de la course pour finir la soirée par un petit tour dans le centre du vieux Las Vegas. Le coucher se fit assez tôt, car la fatigue du voyage était encore là et le lendemain nous avions prévu de nous lever tôt pour aller faire une reconnaissance du parcours de la course, dont le départ se situait à 250 km de Las Vegas.




Vendredi 8 Juillet 2005.

Debout à 6h30 pour le petit déjeuner à 6h50. Départ de notre trio pour la Vallée de la Mort, il faisait déjà très chaud et rapidement nous nous sommes engouffrés dans la voiture et sa clim. Très vite nous sortîmes de Las Vegas, car ici c'était simple, les routes étaient droites et larges. Dès la sortie de la ville, il n'y avait plus rien sauf pampa et montagnes à perte de vue.



Nous y étions sur ces grandes routes en ligne droite tant de fois vues à la télé, avec des ondulations qui suivent le relief du terrain comme si on avait simplement déroulé un tapis de bitume sur ces grandes plaines. De Las Vegas, la route est simple, sur 250 km on tourne une fois à gauche à "Amargosa" puis une fois à droite à "Death Valley Jonction" et on arrive directement à Furnace Creek situé à 27 km du lac de Badwater. Alors simple, non ?

Ces 250 km de route passèrent rapidement, d'autant plus que la bonne humeur était présente dans la voiture et alla crechendo tout au long de la journée pour arriver au soir au délire complet entre nous trois jusqu'au retour à l'hôtel. Une journée mémorable où nous avons beaucoup travaillé nos abdominos avec toutes les crises de rire que nous avions eues.



Bref, arriva très vite le grand panneau nous signalant l'entrée dans la Vallée de la Mort où bien sûr nous avons posé pour la photo souvenir avec ce nom magique.







Après environ 2 heures de route de Las Vegas, c'est l'entrée de la "Death Valley" immortalisée par cette photo où Phil malgré un démarrage foudroyant n'arriva pas au bout de la dizaine de mètre avant le "déclic" automatique de l'appareil photo !







Au fond derrière ce palmier, on commence à entrevoir le lac salé de Badwater.



Arrivés à Furnace Creek nous tournons à gauche pour aller directement à Badwater, lieu mythique du départ de cette course. Le décor sur la dernière dizaine de km est assez irréel, on se croirait presque sur des pistes de ski de fond, tellement ce lac salé asséché est plat et blanc. La luminosité y est presque aveuglante. En y arrivant, les quelques touristes présents faisaient quelques pas sur le lac et nous fîmes de même immédiatement sortis de la voiture, après avoir regardé et touché le panneau de légende de ce lac, celui où tout le monde s'arrête pour la pose photo et nous... aussi !



La petite marche effectuée sur ce sel dur et mou à la fois (on sent que l’eau y est présente en dessous) nous fit imaginer un instant, un départ d'une course donné sur ce lac en se disant c'est tout droit pour finir... mort de soif !!!



Michael et moi prenons un petit peu de sel comme souvenir alors que Phil immortalise l'endroit avec son appareil photo.











Enfin, le voilà ce fameux lac salé qui se situe à - 85,5 m sous le niveau de la mer, lac mythique qui a donné son nom à notre épreuve.





Et que dire de ce petit panneau en bois où chaque visiteur, chaque coureur se fait prendre en photo à son côté depuis des années.
 Pour moi, ce sera grosse plaque... et petite tête !











Avec Michael, quelques pas sur cette "neige" bizarre, qui reste molle et dure comme un tapis de mousse.



Tapis de sel, où l'imagination vagabonde à une course sans fin, où l'issue la plus terrible peut être envisagée.



Pas de guide, pas d'histoire enregistrée, juste une petite tablette avec un bref historique de ce lac et de la "Naissance de la Vallée de la Mort".







Asphalte, bitume, goudron... peu importe la nom, la matière est la même et pas bonne pour mes genoux !

Grosse chaleur ici. Nous décidions de retourner à Furnace Creek pour y faire la réservation d'une chambre d’hôtel pour la nuit précédente du départ. D'un commun accord, nous pensons que de partir de Las Vegas le lundi matin tôt pour prendre le départ à 10 h ne serait pas très raisonnable.

Avant de repartir, Phil se fit un gros plaisir avant de monter dans la voiture, celui de faire quelques km en courant sur le tracé de la course.



Gros coup de chance en arrivant à l'hôtel, car on nous proposa la dernière chambre disponible. Malgré le prix assez excessif nous la retenions quand même. Après un petit repas pris sur les lieux, nous nous rendimes au Visitor's Center pour y prendre notre ticket d'entrée pour le Parc Naturel (obligatoire pour participer à la course), y faire quelques achats souvenirs typés "Death Valley" et repérer un peu le lieu, car c'est ici que ce passerait toute l'organisation d'avant course, prise de dossard, briefing de l'organisateur, point presse.







En arrivant à la Palmeraie de Furnace Creek, devant l'entrée de l'hôtel, toute la démesure américaine avec ce "petit" tracteur des "trains de la route" avec studio incorporé, nous attendait là, tel un dinosaure endormi au soleil.



"Furnace Creek Ranch" une oasis en plein milieu de la Vallée de la mort, un complexe hôtelier, plus esprit Motel, fait de dizaines de bungalows individuels et de petits immeubles à un étages, une poste, une somptueuse palmeraie et un golf grandeur nature avec herbe et voiturettes... Un petit Paradis de verdure et de fraîcheur... que pour l'oeil, car au niveau température cela se rapproche des 50°C et ça ressemble plus à l'Enfer !!!



























Après avoir réservé notre chambre, un petit repas pris dans un bar typé saloon, où pour la première fois depuis notre arrivée, nous avons mangé quelque chose qui ressemble à de la nourriture.







Le Visitor's Center ou "Death Valley Museum" sera le camp de base d'avant course de l'organisation pour recevoir coureurs, "Crew", spectateurs, presse... Ici, dossards, point presse, photo officielle, Briefing, tout se passera le dimanche entre 12h00 et 17H30.












En visitant le Muséum, le ton est donné par quelques affichettes à l'humour corrosif... "Squelette au sac à dos" !!!

Puis direction le repérage du tracé de la course. Ici la chaleur monte, la température commençait à avoisiner les 48°C pour monter encore un peu plus le long de la route, au fur et à mesure que nous avancions dans "The Valley" comme ils disent. Quelques arrêts ici et là pour des photos de paysages. Montagnes à gauche, montagnes à droite, montagnes au bout devant et au milieu cette vallée enfoncée, jadis recouverte d'eau, devenue maintenant une étuve, car l'air s'y engouffre et s'y réchauffe. La végétation y est quasi nulle et la vallée assez pierreuse.



A chaque sortie de voiture, on a l'impression de rentrer dans un four à chaleur tournante, le vent y est fort et bouillant, il nous sèche la gorge et les pores de la peau en moins de temps qu'il ne le faut pour le dire, le bitume nous renvoie une chaleur brûlante dans les jambes et toutes ces pierres et petits rochers chauffés à blanc accentuent encore plus cette sensation que l'on va brûler sur place. Phil qui avait apprécié sa petite escapade pédestre du matin nous demanda de refaire un petit bout de chemin en courant. Une petite demie heure après et une gourde vidée, c'est avec plaisir qu'il retrouva la fraîcheur de la clim dans la voiture.



Pendant ce début de repérage, nous nous rendions compte de la difficulté du parcours. La première montée fait 30 km environ, c'est long, très long et plus on avance plus ça monte pour redescendre après sur plusieurs km assez raide. Puis une grande cuvette d'une dizaine de km et de nouveau une montée de 29 km après le village de Panamint situé au 115ème km. En haut de cette montagne se situe le 4ème pointage au 144ème km avant une longue descente et faux plat vers Lone Pine, première et dernière ville rencontrée au 195ème km pour aborder et finir par la montée du Mont Whitney. Ici, à Lone Pine, notre reconnaissance s'arrêtait car n'ayant pas trouvé l'embranchement pour accéder à cette montée et au vue de l'heure avancée en cette fin d'après midi, nous décidions de manger un bout sur place et avant de retourner vers Las Vegas. C'est en fin de soirée que nous regagnions notre hôtel pour finir nos crises de rires en nous remémorant toutes les âneries sorties dans la journée !!!



Maintenant place à la reconnaissance du parcours complet.
Un petit coup d'oeil quand même sur notre route.



Au fur et à mesure de notre avancée, nous avons découvert "The Valley"... montagnes de chaque côté, plaine au centre, un décor de Western défile devant nous, aux grés des ondulations de la route. On monte, on descend, le grand ruban noir interminable de bitume, posé là, inerte comme un serpent aplati, nous emmène inévitablement vers le Mont Whitney, aucun échappatoire possible, c'est la seule route. Ce bitume qui emmagasine la chaleur du lever au coucher du soleil, pour la "recracher" la nuit, empêche en définitive la température de redescendre.













Au thermomètre, en moyenne 40°C : ce fut la plus grosse surprise sur cette Badwater et ses conditions de chaleur... La température ne redescend JAMAIS !!!



Un cordon de dune (environ un km de long), sorti de terre comme par magie, où posé ici comme un décor de cinéma, nous rappelait que l'on se trouvait dans un désert. Je le regardais avec envie ce cordon, car c'est là dedans que je me sens le mieux... Mon terrain de jeu favori est et restera définitivement le sable !







Au fond le Mont Whitney avec son sommet dans la grisaille, en plein été il peut faire 0°C en son sommet. 


















Le soir au coucher du soleil, la vallée prend de toutes autres couleurs, tout devient dans les tons ocres et c'est à cette période de la journée que je la trouve la plus belle. Plus chatoyante, plus accueillante... A condition de rester au frais dans la voiture, car le soir même au coucher, le soleil devient fer rouge : on à l'impression de griller sur place, bien plus qu'en pleine journée.




Samedi 9 Juillet 2005.


Journée repos. Phil se fit son petit footing avant le petit déjeuner et la journée se passa avec une petite balade à pieds dans le centre du vieux Las Vegas et divers petites dernières emplettes. En fin d'après-midi, pendant que Phil travaillait un peu, Michael et moi savourions la petite piscine de l'hôtel. En soirée ce fût la préparation des bagages et des diverses affaires et nourriture pour la course, car le départ était prévu en début de matinée le dimanche pour une arrivée vers 12h à Furnace Creek, heure de retrait du dossard.



Séance de lévitation avec les verres du petit déjeuner !



Première visite dans le "down town" de Las Vegas, la grande Arche aux multiples casinos. Ceux-ci restent encore de taille "humaine" avant les constructions "Pharaoniques" des casinos modernes.

Dimanche 10 Juillet 2005.

Après le petit déjeuner, départ vers 9h30 de l'hôtel pour Furnace Creek.



Le planning du jour :
- 12h00/14h00 : Retrait des dossards.
- 15h30/17h00 : Briefing de Chris Kostman, l'organisateur de l'épreuve.
- 17h00/17h30 : Point presse.

A notre arrivée au Visitor's Center, c'est déjà l'animation de partout, va et vient des coureurs et accompagnateurs, ballet de voitures coureurs avec nom et numéro de chacun collé dessus, la grande "caravane" de la Badwater prend place peu à peu. Midi pétante, ouverture de la salle pour le retrait des dossards. Ici pas de place au chichi, méthode américaine, il faut que ça aille vite, en deux minutes tout est fait, dossard, remise du sac coureur, prise de la photo officielle de chaque coureur en passant par la vente de T-shirt, casquette, débardeur... "Business is business"... Et dehors, au revoir. Rendez-vous à 15h30 pour le briefing. Assez surprenante cette réception tout de même, pas un mot dans une langue étrangère (une douzaine de nationalités était présente), tu comprends ou tu comprends pas c'est pareil ! Bon, c'est comme cela que ça fonctionne alors...











Venant directement de Las Vegas, c'est à 11h45 que nous arrivions au Visitor's Center. Juste le temps de se dégourdir les jambes et nous prenions place dans la file pour attendre l'ouverture des portes à midi. Le moment était venu maintenant de prendre quelques renseignements sur la course auprès des "récidivistes" de cette épreuve. 














Dossard, sac coureur, vente T-shirt, photo officielle, le tout expédié en quatrième vitesse... pas de place à l'improvisation dans l'organisation américaine... Surprenant et... Décevant !!!



Après ce sésame au n° 63, nous sortons pour discuter avec d'autres concurrents français et regagnons l'hôtel pour y prendre notre chambre. Pas de bol, celle-ci n’était libre qu'à partir de 16h ! Autant dire que tout ce qu'il y avait dans la voiture serait cuit avant l'heure.







En attendant l'heure du Briefing, Michael nous montre la recette de la "Galette Corse" !

De retour au Visitor's Center après un repas, l'heure était venue pour entendre le briefing du maître des lieux Chris Kostman, showman parmi les showmen. Après un hommage rendu à Jack Denness, vétéran de la course (12 participations) sous forme d'un petit film, il nous rappela tout le règlement, point par point, en insistant sur les risques de la chaleur et la sécurité à observer sur la route. Enfin il nous présenta le staff de l'organisation au complet, et tous les concurrents un par un à l'assistance et à la presse locale, en invitant chacun à monter sur la scène faisant face au public.











Présentation de tous les coureurs au public.

Cette “cérémonie” terminée, il était temps pour nous trois de prendre possession de notre chambre afin de commencer à préparer toutes nos affaires et prévoir l'aménagement de la voiture pour la course. Le petit frigo qui était dans notre chambre fut le bienvenu, pour rafraîchir un peu la nourriture qui avait vraiment pris un coup de chaud durant l'après midi. Un grand déballage s'en suivit dans notre room, afin de fonctionnaliser au mieux toute la logistique de la course. Affaires de course dans un carton, chaussures et pharmacie dans un autre, nourriture dans un troisième. Phil et Michael de leur côté s'organisaient leurs affaires etc... Ce soir là, ce fût grignotage pour tout le monde, par manque de temps et manque d'envie de manger.



En fin de soirée, pendant que Phil et Michael allaient se renseigner sur la manière de récupérer de l'eau chaude au petit matin pour faire cuire les pâtes et la soupe, j'allais scotcher la signalétique sur la voiture, c'est à dire mon nom et numéro 63 sur chaque côté de celle ci, devant et derrière. C’était obligatoire dans le règlement, la Chevrolet n°63 ressemblait ainsi aux voitures du Tour de France lors d'un contre la montre. C'est vers 11h30 que l'extinction des feux se fit pour tout le monde. Le réveil était prévu vers 6h30.

Lundi 11 Juillet 2005.

Réveil sans problème pour tout le monde et direction immédiate vers le restaurant pour un bon petit déjeuner. De retour à notre chambre chacun finissait de ranger ses affaires, et pendant que je me préparais, mes deux compères allaient quérir de l'eau chaude pour nos cuissons à la "sauvage". Donc la cuisson des pâtes se fit dans un bac d'eau chaude et la soupe dans un flacon plastique. Une fois le tout cuit et affaires prêtes, nous chargions la voiture pour un départ de l'hôtel à 8h30 direction Badwater et un départ de course pour moi à 10h. Trois départs décalés sont prévus sur cette course, un à 6h00, un à 8h00 et le dernier à 10h00. Ces tranches horaires étaient déterminées par la "valeur" des concurrents, les plus rapides partant en dernier. Une fois tout rangé, calé et organisé dans la voiture... c'est à peu prêt la seule fois qu'elle le sera !... notre départ se fit sans stress particulier. Sur le chemin nous avions prévu de nous arrêter en cours de route à la hauteur de Marianne Blangy partie à 8h00 pour lui faire un bisou et lui souhaiter bonne route, elle qui souffre des pieds après des opérations survenues en début d'année, mais quel courage, quelle bagarreuse cette Mimine.







Arrivé donc à sa hauteur, le petit bisou fût fait, dans la bonne humeur qui la caractérise ainsi que son compagnon Philippe Grizard qui était là dans son assistance.




Le grand jour est arrivé.


Sur la route nous menant au départ nous croisons la file de coureurs partis à 8h00. Petit signe d'encouragement à chaque coureur croisé et une petite halte au passage de Mimine pour lui souhaiter bonne chance et bon courage pour sa course.

Quelques km plus loin le lac de sel de Badwater nous attendait. Il est 9h00 et pas grand monde était arrivé, nous étions même les premiers. Seulement deux voitures de touristes et rien ne faisait penser à ce qui allait se passer ici une heure plus tard. Ni banderole, ni marquage, rien de chez rien. Tout était emballé après chaque départ et réinstallé pour l'autre... respect de l'environnement et du site oblige.

Les coureurs et leurs équipages arrivaient les un derrières les autres et d'un seul coup tout le petit parking fut rempli. L'agitation se faisait sentir, et soudain une voix venant d'un haut parleur, nous demandait à nous coureurs, de nous réunir en bas sur la passerelle, derrière le panneau mythique pour la traditionnelle séance photo et caméra de la presse et TV. Après plusieurs rappels à l'ordre de Chris Kostman, tout le monde était là, heureusement car nous commencions à cuire immobiles en plein soleil. Pour ma part en tournant la tête de gauche à droite, je m'aperçus que j'étais vraiment bien entouré. A ma gauche Albert Vallée, à ma droite Pamela Reed et derrière Scott Jurek en personne et oui, rien que ça. Là on se rend vraiment compte du niveau de cette course.



Une fois la séance photo terminée, chaque coureur regagnait sa voiture pour finir sa préparation. Un coup de crème solaire par ci, un peu de pommade anti-frottement par là, ça brille de partout. Quelques coureurs étaient vêtus d'une combinaison intégrale blanche, d'autres à moitié recouverts sur le haut et quelques-uns simplement habillés d'un short et d'un petit débardeur comme moi. Chacun prend la protection qui lui paraît la mieux appropriée. Aucun impératif vestimentaire n’est imposé par l'organisation.











Petites poses photos, avec la "crew" de la voiture 63.



L'aire de départ de la course. Pour le moment encore aucune agitation, les coureurs arrivaient petit à petit.











Présentation des coureurs(ses) du départ de 10h00 pour les photos et derniers rappels de prudence de Chris Kostman.







Chris Kostman, règne en maître sur son épreuve.
 Sourire... mais je pense qu'au fond de lui même, il ne sera tranquille qu'une fois que tous ces "cinglés" que nous sommes seront arrivés en haut du Mont Whitney !!!







Bien entouré le Gégé, à ma gauche Albert Vallée, derrière Scott Jurek et...



... à ma droite, Pamela Reed, déjà 2 fois vainqueur de l'épreuve.



Séance "tartinage"... crème anti-frottement, crème solaire tout doit être recouvert, car comme à mon habitude je n'ai que le strict minimum sur moi et chaque parcelle de peau doit être protégée contre les attaques du "gugus" d'en haut qui va pas nous lâcher de la journée et ne penser qu'à nous transformer en merguez grillées !!!







"Vous devez avoir toujours votre dossard sur vous" qu'il avait dit l'organisateur... Pas de problème M'sieur !!!





A quelques minutes du départ, le cameraman fait son cinéma et la tension commence à monter... ainsi que la température... 10h00 du matin et le thermomètre est déjà bloqué à 120° F, c'est à dire au minimum 45°C !!!

9h50 : Tous les coureurs sont priés de se rendre sous la banderole de départ et après un petit mot de l'organisateur, l'hymne américain retentit accompagné du chant d'une spectatrice.







Avec Said Kahla... inépuisable de paroles quand il s'agit de parler de cette course. Il vient ici pour la 2ème fois.

8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1, GO !!!!!!!!!... C'est parti !


Enfin, le pourquoi de ces longs mois de préparation a pris vie. Je suis dans la Badwater, la vraie, la seule et à partir de ce moment plus rien ne compte vraiment, sinon de braver la chaleur pendant 217 km et de devenir FINISHER d'un mythe.



TOP départ... enfin la "délivrance"... maintenant il ne reste plus qu'à aller au bout de ces 217 km !





Notre plan de marche avait prévu un arrêt de la voiture chaque 1/2 mile (800m) une fois pour l’arrosage et le 1/2 d'après pour la boisson et autre grignotage et du solide toutes les 3 heures. Cela fonctionna impeccablement bien au départ, mais ce rythme d'hydratation s'avéra beaucoup trop important. Au fur et à mesure que les kilomètes passaient, mon estomac n'arrivait plus à éliminer toute cette eau ingurgitée. De grosses lourdeurs se faisaient sentir et petit à petit dans les jambes et ma tonicité s'amenuisait. Ce manque d'expérience avec ce système de ravitaillement et cette surhydratation allait petit à petit réduire mes forces. En comparaison avec les raids en autosuffisance ce cas ne se produit pas, car, étant limité en volume, on a tendance à mieux maitriser sa consommation d'eau, ce qui entraîne une gestion beaucoup plus économe. Ici toute la quantité souhaitée est à disposition, pas de privation !!! Cette erreur de ma part allait entamer sérieusement mon mental. Car la chaleur se faisant de plus en plus sentir et mes forces diminuant, cela s’annonçait difficile. Je ralentis donc ma vitesse pour permettre une digestion plus rapide et attendait le premier contrôle qui se situait à Furnace Creek au bout de 28 km pour manger un peu, me reposer un petit quart d'heure à l'ombre de la dernière oasis avant le désert complet et pour faciliter la digestion. Peu avant ce premier pointage je rattrapais Marianne, partie 2 heures avant. Quelques mètres de marche avec elle, le temps d'échanger un peu nos impressions. Ses pieds ne la faisaient pas encore souffrir, mais l'échéance n'allait pas tarder pour elle, les douleurs allaient bientôt venir.







Très vite le peloton s'étirait, les coureurs à gauche de la route et les voitures à droite. Interdiction... de les garer sur la gauche ou sur la route (dans le bas-côté sur la droite), de rouler à hauteur et vitesse du coureur... enfin respecter le code de la route quoi.















Pour le moment tout va bien, mais il fait déjà très chaud, l'hydratation et l'arrosage sont des points clef de cette course.















Michael se colle au premier ravitaillement, verre d'eau ou de boisson énergétique et arrosage complet.



Puis Phil le remplace, ils se calent tous deux en ce début de course et se relaient régulièrement. Je décide de rajouter à ma casquette ma saharienne bricolée (j'ai rajouté un bout de couverture de survie dessus pour que la réflection du soleil soit plus efficace) car le "gugus" là haut commence à cogner dur dans la nuque.











Un essai de protection lors d'un ravitaillement avec une couverture de survie, mais en définitive elle est trop dure à maintenir en place, collant sur la peau et très désagréable.



















Les kilomètres passent, ça court toujours mais les jambes commencent à être lourdes ainsi que l'estomac, rempli lui, beaucoup trop vite d'un volume d'eau complètement démesuré par rapport à sa contenance... erreur de jeunesse !!!







Les ravitaillements se succèdent et chaque pose devient de plus en plus appréciée. Michael fait sa "popote" dans le coffre de la voiture et je commence à mettre quelques glaçons dans mon bandana, qui noué autour du cou, me donnera un peu plus de fraîcheur dans la nuque.



Arrivés donc à ce contrôle et une fois le pointage fait et vérifié, c'est à une centaine de mètres plus loin que nous nous arrêtions pour une première pause restauration. L'envie de faire descendre la pression de la mécanique était grande et le besoin de souffler aussi. J'espérais beaucoup de ce premier moment de "détente". Mais une fois assis et récupéré mon bol de pâtes, la catastrophe (enfin surtout dans ma tête) arriva. Les pâtes cuites le matin avaient complètement tourné, ce n'était plus qu'une espèce de pâte mole immangeable. Et là, c'est une chape de plomb qui me tomba sur la tête, comme si la chaleur ne suffisait pas !!! Gamberge à fond, je me projetais dans la suite de la course et ne me voyais pas l'effectuer sans rien manger de solide. Toute ma nourriture était devant moi, immangeable ! A ce moment, moralement je n'étais pas bien, la chaleur me devenait pesante, elle qui jusque là, n'était qu'un élément de course et ne me perturbait pas. Maintenant elle commençait à me devenir insupportable. Après ce coup à moitié absorbé, je repartais en marchant, la tête un peu dans le vide avec juste un morceau de banane, une tranche de pain de mie et quelques noix de cajou dans le ventre.

A partir de ce moment, tout se mélangea dans ma tête, aux problèmes de course vinrent s'ajouter des problèmes de ma vie privée quotidienne et ce mélange agissaitt comme une bombe dans mon crâne surchauffé. Je commençais à "péter les plombs" !... Le trou noir, plus d'envie, plus d'objectif, plus de motivation, plus rien quoi... le vide complet. Au bout de quelques km à errer comme un zombi, je m'asseyais dans la voiture en craquant complètement. Phil et Michael ne savaient plus trop quoi faire, eux qui étaient venus pour soutenir un mec plein d'ambition, se retrouvaient avec un type à la dérive complète. Mais leur attitude me "sauva" certainement, pas d'affolement, ils ont été patients en supportant ma déprime, se sont mis à marcher avec moi pendant plusieurs heures en me fixant des objectif : "allez on va à Stovepipe (lieu du 2ème pointage - 78ème km) tranquille en marchant"..."on verra après"... "la ligne, il faut passer la ligne"... "même en 60 heures" ...















Après l'arrêt casse-croûte et la mésaventure des pâtes, le moral avait chuté, la gamberge arrivait, ça devenait très difficile de continuer. Les longues lignes droites et ce décor plat commençaient à me miner complètement. Michael et Phil essayaient de me motiver, mais ça craquait sous ma casquette !!!





Moment de déprime dans la voiture. Même après une pause d'un quart d'heure rien n'y fait, je n'ai plus envie de continuer, je pense à abandonner !

Mais que cette période fut dure, en voyant ces longues lignes droites, je leur disais "à quoi ça sert d'aller au bout là bas... pas envie" !!! Ils supportaient çà sans broncher... enfin devant moi. Et petit à petit au fil des km, la lassitude me passa doucement, à force de les entendre me dire "on va à Stovepipe", ce pointage devint un nouvel objectif dans ma tête.

















Phil et Michael se relayaient durant ces longues heures où je marchais sans plaisir. Pour eux, leur objectif était de me redonner envie, de me re-fixer un but, un objectif. Leur calme et leur ténacité étaient venus au bout de ce mauvais moment.



La motivation renaissait lentement mais sûrement. Le soleil descendait et l'idée de pouvoir faire quelques provisions alimentaires s’il y avait un magasin à Stovepipe, me redonna forces et envie.
Je marchais encore, mais de plus en plus vite, puis mes jambes commençèrent à fonctionner de nouveau et à la suite d’un arrêt je repartis définitivement en courant. A 9h30 environ, les lumières de Stovepipe se firent apercevoir là-devant, à quelques encablures, cela me procura un effet booster et dès cet instant la course redémarra pour moi.



















Soudain un déclic se produisait, pourquoi ? Comment ? Je ne sais pas. Lors d'un arrêt boisson, je décidais (pourquoi ?) de mettre mes manchons de contention pour les mollets et repartais en courant !!!
Ma "crew" avait réussi à faire repartir la "machine"... Peut être que de voir des dunes de sable qui se trouvaient sur ma droite, mêlées avec toutes les couleurs du soleil couchant, me remettait aussi dans un cadre et une atmosphère qui me convenaient mieux, me redonnant ainsi le "feeling" que j’aime ressentir avec la nature sur ce genre d'épreuve.





Dès lors, les arrêts commençaient à se faire plus courts, la mine paraissait meilleure, les traits de déprime s’effaçaient et le sourire revenait... la course recommençait mais il allait falloir gérer le physique.

Après avoir pointé, direction le magasin d'alimentation. Pile avant la fermeture, mauvaise surprise : celui-ci avait été dévalisé par les coureurs avant nous. Peu de choses restait. Après en avoir fait le tour et attendu quelques minutes, je dis à Phil et à Michael que je partais devant, je ne pouvais plus rester en place, je n'étais pas là pour faire du shopping, mais pour faire une course. L'envie était revenue et la démangeaison du coureur pour avancer, toujours avancer, était de nouveau en moi. "Faites au mieux pour les courses, je pars devant, je prend une gourde, pas de problème" et me voilà reparti dans la nuit, pour continuer cette longue montée qui allait encore durer un vingtaine de km (avec les dix de déjà fait, c'est bien une côte de 30 km !). Beaucoup de coureurs commençaient maintenant à dormir le long de la route dans leurs voitures.



Cette reprise de montée, je l'effectuais en marchant rapidement, je sentais que je pouvais courir, mais je voulais me ménager, car cela faisait une journée que je n'avais quasiment rien manger et j'attendais le retour de mes compagnons pour refaire le plein au niveau alimentation. Une demi- heure plus tard, je les voyais se garer à mon niveau, ouf, enfin une bonne pause ravitaillement. Le plein avait été fait au niveau coca, petits pains, fromage, eau, gâteaux... ils ont dû prendre tout ce qu'il restait. Une bonne pause sur la chaise, les pieds en l'air sur le pare-choc de la voiture et une bonne séance d'arrosage me décontracta superbement. Un petit sandwich, une salade de fruit et le fond de café qui restait était suffisant pour me requinquer moralement et m'amener un peu de carburant pour la suite de cette longue montée. Un bon quart d'heure plus tard, je reprenais la route en pleine forme, prêt à en découdre avec cette grimpette, quand même bien chanceux car je la faisais de nuit. Le rythme de course commençait à être régulier et je la montais en courant sans trop de difficultés. Juste un peu de marche dans les petites portions où le pourcentage était assez fort, mais plus par précaution pour mon physique que par manque de force, car j'allais bien.



La nuit est infernale, chaleur, chaleur, chaleur, les arrosages sont abondants, à chaque arrêt, arrosage, hydratation et grignotage, beaucoup de petites salades de fruits avec 2/3 glaçons dedans pour la rafraîchir y passent. Michael en profite pour récupérer mes impressions du moment.












Puis vint le moment de basculer et de commencer la longue descente. Là, c'était le "pied", pas trop d'effort, ça allait tout seul si bien que Michael me dit de ralentir car il trouvait que j'allais trop vite. Mais quand ça va, c'est dur de se freiner. 17 km réalisés à vive allure (entre 13 km/h et 15 km/h) et pas mal de concurrents doublés et rattrapés. Je profitais de cette descente pour sauter pas mal de ravitaillements et épurer mon estomac de tout contenu liquide. A la fin de cette descente, le petit jour se pointait, je décidais alors de faire un arrêt pour un petit ravitaillement et quelques soins sous le pied gauche, car je sentais une ampoule venir, due à cette longue descente. Une chaussure un peu desserrée, le pied qui bouge dans la chaussure et le résultat est inévitable, c'est l'ampoule assurée.

Nous étions au début d'une longue cuvette qui devait nous conduire au 3ème point de contrôle à Panamint (116ème km). Après cette petite pause nous repartions sur le même rythme. Au bout d'un km, je suggérais à ma "crew" de partir devant pour aller faire des courses et le plein d'essence à Panamint afin de gagner du temps. Je me sentais super bien et je pouvais rester seul pendant ces quelques km qui nous séparaient de ce CP. "Je vous rejoins là bas et si vous avez fini avant, vous revenez vers moi". On pensait qu'il y avait 4 km séparant du lieu où nous étions du CP, mais erreur sur ces longues lignes droites la notion de distance est complètement erronée, en fait c'est au moins 7/8 km qu'il restait à faire. Elle me parue longue cette ligne droite et c'est au pied de la petite côte qui précédait le CP que je vis la voiture revenir. Arrivé au CP, Michael refit le plein de la voiture, car le poste était encore fermé quand ils y sont allés et plus loin nous fîmes une petite halte casse-croûte et recharge de glaçons.



Après une nuit à courir, un petit arrêt matinal, la netteté de la photo reflète assez bien la netteté du photographe... sommeil quand tu nous tiens !!!



Encore une ligne droite qui nous mènera jusqu'à Panamint, là haut au fond sur la droite... 7/8 bons km !



Hydratation aussi pour la voiture... avec la clim en continu, 3 pleins seront nécessaire pour la course !



Ici commençait la deuxième grande montée du parcours, 29 km d'ascension jusqu'au 4ème CP situé en haut de la montagne (144ème km). Dur, dur de repartir, mes jambes étaient bien en l'air quand j'étais assis sur la chaise à ce CP. Mais maintenant il fallait gérer les forces et c'est en marchant rapidement que j'effectuais la montée, jusqu'à quelques km du CP. La vue lors de cette montée était superbe, vue imprenable sur toute la vallée que nous venions de traverser avec cette grande saignée rectiligne dessinée par la route, la traversant de part en part pour monter en laces tout là bas en face. La première partie était assez dangereuse, avec peu de dégagements et peu de place pour se garer. Phil et Michael se relayaient pour m'accompagner durant une bonne partie de cette ascension.









Une petite trentaine de km de montée après Panamint, la marche : ma compagne durant cette ascension.











Une bonne pause nécessaire et appréciée en haut de cette montée, petit bout de casse-croûte et Michael qui emploie les grands moyens pour se rafraîchir.








Du haut de cette montagne, la vue du trajet effectué est impressionnante... Au petit matin on était au fond là bas !



En arrivant vers le haut, la pente devenait plus douce et je me remettais à courir. Mais difficilement car mon ampoule s'était bien formée et elle devenait au fur et à mesure, de plus en plus douloureuse. Je commençais à me languir de voir le CP arriver, car j'espérais pouvoir m'y faire soigner par un docteur. Continuer avec ça sous le pied, en plus avec la longue descente qui se profilait, aurait été un calvaire sur le bitume avec tous les chocs provoqués par la descente.



Dans le faux plat au bout de cette ascension, la course a repris ses droits sur la marche, mais une autre ampoule commence à se faire sentir et commence à me brûler sous la plante du pied gauche.





A l'arrêt suivant, une première précaution s'impose, une bonne couche de pommade pour voir si cela calmera la douleur et stoppera l'évolution de cette ampoule.



Ouf, au loin au bout de la ligne droite, sur la gauche on distinguait enfin le CP. Le staff du CP en position ici, n'avait pas trop de chance, car il n'y avait rien, aucune habitation, pas d'ombre, rien de rien, un peu de broussaille, rien de plus. Aussitôt le pointage effectué et la voiture garée, Phil je crois, est allé voir auprès du staff s’il y avait une voiture de docteur à proximité. Par chance deux ou trois minutes plus tard, je voyais débarquer le docteur près de moi. Bon ça commençait mal, il n'avait pas d'aiguille pour percer proprement mon ampoule, heureusement que j'avais tout le nécessaire avec moi (l'habitude de se soigner tout seul en raid) !!! Il a percé, trituré et nettoyé la grosse cloque qui allait jusqu'aux doigts de pieds, un peu sensible cet endroit ! Et m’a proposé deux sortes de pansements, le classique Compeed et une espèce de gros pansement à découper. Le premier, je n’aimais pas trop, alors j'optais pour ce gros truc que je ne connaissais pas, mais parait-il très efficace, qu'il me disait le toubib "good, good". Il en découpa un morceau de 2x3 cm qu’il positionna sur l'ampoule, puis 3 morceaux de blanderm et voilà, terminé. Après son départ, j'ai regardé le blanderm et douté un peu sur le fait que cela allait tenir, alors je me suis découpé une grande bande de sparadrap et me suis entouré le pied complètement. Là, pas de problème, je ne savais pas si son truc était efficace, mais au moins j’étais sûr de ne pas le retrouver pas au fond de ma chaussette. Cet épisode ampoule terminé, il était temps de reprendre la route.











Avant la descente, le CP isolé de Darwin. Le temps doit être long dans cet endroit perdu pour les 3 membres de l'organisation.



Une feuille de pointage à la dimension de cette course.





A ce CP, les soins du "DOC" sont obligatoires, impossible de continuer avec cette ampoule sous le pied !... on pique, on vide, on nettoie, on protège et ça repart !



Michael m'accompagna pendant un km environ en marchant, puis je me suis mis à recourir pour effectuer la longue descente et le grand faux plat qui suivait pour nous mener au 5ème contrôle se trouvant à Lone Pine (196ème km). Et par bonheur, le truc du toubib fonctionnait très bien, plus de douleur ou presque, je pouvais courir sans trop de problèmes. A partir de ce moment, c'est une enfilade de concurrents que je doublais, plus personne ne courait et j'avais l'air d'un mec bizarre qui courait comme un dératé comme s’il allait louper son train !!! A chaque concurrent doublé, j'entendais de la part des assistants de celui-ci "good job" "good job". Ils étaient semble-t-il tous impressionnés par ma facilité. Phil me dit que j'étais le seul coureur qu'il avait vu courir dans la journée, tous les autres marchaient. Là ce sont de supers sensations, on avance, on double et tout va bien. Au bout d'une quarantaine de km effectués à bonne allure, je sentais qu'il fallait que je me calme un peu. N'étant pas sûre de ma résistance physique à cause de mon alimentation déplorable sur cette course, je me suis mis à marcher à une dizaine de km du CP. Le Mont Whitney était derrière et je ne voulais pas galérer dedans. Un concurrent nous avait dit que des coureurs pouvaient même mettre une quinzaine d'heures pour le monter !!! Alors prudence. Michael fit ces 10 km en marchant avec moi, la nuit était tombée, mais il faisait toujours aussi chaud. Cette chaleur qui ressortait du bitume la nuit était vraiment insupportable, il fallait s'arroser constamment, car on sèchait aussi vite que l'on se mouillait, pire qu'en pleine journée sous le soleil.















Oublié l'ampoule (enfin presque) longues lignes droites et soleil de plomb dans l'après midi pour rejoindre Lone Pine. Depuis le début de la matinée, j'ai dû rajouter des manches découpées dans un T-shirt, tenues par des élastiques en haut des bras, car je ne supportais plus le soleil sur les bras.











Petits pas de deux avec Michael, pour une séance "arrosage" où mon refrain préféré était "Pas le short, pas le short !" Effectivement, à force de le mouiller, cela me provoquait des irritations en haut des cuisses... et ça brûle !!!

Enfin on arrivait au grand croisement qui nous menait sur la droite vers Lone Pine. Phil partit en reconnaissance avec la voiture pour trouver le CP, car à ce moment là on avait des doutes sur le fait de l'avoir loupé. Un peu plus loin il revint vers nous et nous rassurait "il est là devant, à un km sous les grands lampadaires devant" ouf... pas de marche arrière. En arrivant au CP, nous retrouvions Albert Vallée, qui lui en avait fini avec la course. Un super truc qu'il avait fait le Bebert, 4ème au général ! Le temps de le féliciter et il nous racontait que la montée avait été très longue et raide, qu'il l'avait faite entièrement en marchant et en 4 h !



Bref, de toutes manières il n'y avait pas le choix, il faudrait bien se la monter. Je pressais un peu ma "crew" pour repartir, l'idée d'en terminer était grande et c'est en courant que je repartais vers ce Mont Whitney pour y décrocher ma médaille de Finisher ! Tout le début de cette montée s’est fait en courant avec Phil, qui avait pris le relais de Michael. Il aimait bien grimper le Phil, et il était vraiment heureux d'être là, ça se voyait sur son visage. Pendant les premiers km, l'allure était bonne, le pourcentage augmentait petit à petit et on tenait le rythme. Mais il fallait bien se rendre à l'évidence, je ne pouvais pas monter en courant comme ça jusqu'en haut. Et la marche remplaça la course.



Le problème de la nuit, c'est que l'on ne voit pas le dénivelé, donc aucune anticipation n’est possible, on ne peut pas savoir et voir le pourcentage des côtes se trouvant devant nous. Alors pas de risque : marche jusqu'en haut.

La nuit on s'imagine le paysage qu'il peut y avoir autour de nous, des montagnes de partout, des pentes à droite, des ravins à gauche, mais le lendemain au grand jour, on s'aperçoit qu'il était en fin de compte tout autre. La montée se poursuivit donc à bonne allure de marche, ponctuée par quelques arrêts à côté de la voiture, histoire de taper de temps en temps sur le toit de celle-ci pour faire sursauter Michael qui s'assoupissait en nous attendant et pour boire un coup. La température au fil de la montée se faisait un peu plus agréable, mais la lassitude nous gagnait de temps en temps et quelques coups de sommeil nous faisaient tituber de droite à gauche. Plus on avançait plus les pourcentages augmentaient, on voyait bien de temps à autres les phares des voitures dans les lacets plus haut et on s'imaginait les voitures aperçues pas trop loin, mais erreur, ces lacets étaient interminables de longueur. Monter, monter sans rien voir, ce n'est pas captivant et on souhaitait vivement voir cette arrivée. Michael nous indiquait approximativement la distance avec le compteur de la voiture. Pour lui nous n'étions plus très loin. Soudain un semblant de civilisation se fit sentir, un panneau par-ci, un autre par là et enfin un qui fit tilt "Camping". Là, Michael s'en alla pour voir devant où cette ligne pouvait se situer, car pour lui elle était imminente. Quelques instants plus tard, en revenant vers nous, il nous dit qu'elle était juste là, à 100 m derrière le virage. Enfin, après 4h30 de montée, nous touchions au but, finir la Badwater, être parmi les Finishers à tout jamais, un rêve qui se termine. C'est le bonheur. Après avoir garé la voiture, Michael nous rejoignait pour passer cette ligne à TROIS, comme convenu depuis toujours. La ligne ensemble et en courant. Ce ruban imprimé Badwater qui traversait la route en guise de ligne, je le touchais enfin, je le traversais... c'était la fin de notre aventure.

Puis ce fût le premier flash venant de l'appareil photo de Chris Kostman me prenant entrain de franchir cette ligne, puis la médaille et les photos officielles devant le grand panneau publicitaire avec la poignée de main de l'organisateur et enfin la photo de toute la CREW posant pour la postérité !!!








Après une ascension du Mont Whitney effectuée avec Phil, enfin la ligne d'arrivée au bout de 42h46 et une 28ème place. Satisfaction et déception se mélangent à ce moment là. Mais le sourire est là, heureux d'en finir.





La poignée de main "officielle" avec Chris Kostman et petit dialogue en..... Français... La bonne surprise de l'arrivée !







NOTRE photo "officielle" à nous, la CREW n° 63,
 une épopée commune qui restera pour nous trois, je pense, de beaux et grands souvenirs d'une aventure humaine réussie.



Puis après ces lampions, la nuit revenait au galop. On était quand même fatigués. N'ayant pas d'hôtel de prévu en bas à Lone Pine, on décidait de dormir là, sur place dans la voiture au parking près de l'aire d'arrivée. Pas très confortable, mais je pense qu'on s'en fichait pas mal. Du calme, de la fraîcheur suffisait à notre bonheur et avec le sentiment du devoir accompli, l'extinction des feux se fit rapidement.




Mercredi 13 Juillet 2005.

Après une courte nuit, 3/4 heures de sommeil tout au plus, l'osmose dans notre équipe était à son summum, car nous nous sommes réveillés tous les trois ensemble quasiment à la minute prêt avec une seule idée en tête : se prendre un bon petit déjeuner. Et... oh, joie... la petite boutique de souvenirs se trouvant sur le site d'arrivée, faisait ça aussi (le petit déjeuner). Assis à la terrasse de la boutique avec notre petit déjeuner, nous étions au paradis. Le bonheur d'avoir réalisé cette Badwater, la magie du site où nous nous trouvions, la fraîcheur des lieux, nous transportaient dans une plénitude indescriptible, en un mot on était BIEN. Un moment magique pour nous trois, la RECOMPENSE de ces deux jours d'enfer. Les oiseaux venaient picorer les miettes sur les tables, un écureuil local se chargeait du ménage au sol entre nos pieds, une vraie carte postale de Walt Disney. Pas trop envie de bouger la "crew", mais il fallait bien redescendre, et l'idée de voir ce Mont Whitney de plein jour nous facilitait la tâche. De retour au parking, un petit passage à l'eau s'imposait pour nous rafraîchir et nettoyer un peu la "crasse" stockée pendant ces deux journées.





La ligne et aire d'arrivée de plein jour, à l'ombre d'immenses sapins qui donnent à l'endroit ombre, fraîcheur et convivialité.



Dernière petite pose photo en "tenue de ville" !











Repos "vasouillard", aération et rangement de notre voiture avant de redescendre vers Lone Pine.







Un petit autochtone tout mignon qui s'est baladé entre nos pieds.



La descente pouvait commencer, elle fût ponctuée de quelques arrêts pour les photos, car les paysages rencontrés étaient magnifiques, complètement décalés avec la Vallée de la Mort... Verdure, arbres géants majestueux, droits comme des "i", torrents... quels changements !!! Petites haltes aussi pour encourager les concurrents qui effectuaient leur ascension et en finissaient aussi avec leur Badwater.



A la découverte du Mont Whitney lors de notre descente où les arrêts photos furent nombreux tellement ce lieu est grandiose et magnifique. Il est évident qu'une montée en plein jour aurait eu un tout autre impact sur notre appréciation de la difficulté.



































Un concurrent à mi-chemin de son ascension.







Avertissement visuel aux automobilistes de notre présence sur la route.



Arrivés à Lone Pine, nous avons été attirés par le mot "pizza" et depuis le temps que je cherchais à en manger une, ce fût chose faite avec une super big, maouse Calzone ! Entre le petit déjeuner du matin et cette pizza, j'ai effectué en quatre heures de temps, mes 2 meilleurs repas depuis mon arrivée aux USA. Car ici, pour la nourriture, il ne faut pas être difficile, on ne trouve pas grand chose.



On traîna dans cette pizzeria jusqu'à l'heure de la cérémonie de clôture qui était prévue à 17 h. La salle où elle allait se dérouler se trouvait 4 blocs plus loin sur la droite de la rue. Tranquillement, tout le monde arrivait de tous côtés et convergeait vers le même endroit. Quand on arriva, la salle était déjà quasiment pleine, tout le monde installé autour d’une table avec... pizza et boisson. Décidément, c'était la journée pizza ! Alors au diable l'avarice, je m'en reprenais une petite part, juste pour voir si elle était différente !!! Après une demi-heure d'attente, le show Kostman reprenait et après les remerciements d'usage envers les sponsors de la course, il commença à inviter chaque concurrent ayant fini à venir prendre son T-shirt "FINISHER" et remettre en plus la "boucle de ceinturon" à ceux qui avaient mis moins de 48 h pour effectuer la course. Mon tour fût venu et c'est avec une grande satisfaction que je recevais ces "awards" synonymes de fin définitive de l'épreuve.











Lors de la cérémonie de clôture, rencontre avec Marianne et Philippe et réception de nos "précieuses" récompenses.



Une fois cette réunion terminée, il était temps pour nous de prendre la voiture pour un retour vers Las Vegas et de retrouver notre hôtel pour une bonne nuit bien méritée. Une dernière fois, nous traversions la Vallée de la Mort, sans vraiment penser à y revenir. Le voyage se fit sans problème, mais on était bien content d'arriver dans notre chambre bien fraîche et d'y retrouver un bon lit. Le temps de décharger la voiture et tout le monde au lit pour un concert de ronflements en stéréo, proposé à Phil par Michael et moi, lui qui se trouvait entre nous deux !!!

Jeudi 14 Juillet 2005.

Ce jour de Fête Nationale, fût un peu jour de farniente. "Récupération" était la devise du jour. Rien de bien spécial se passa ce jour là. Pour la soirée, nous avions décidé d'aller faire un tour dans "l'Univers du jeu" par excellence dans cette ville de Las Vegas. Point d'économie d'énergie ici, ça brille, ça clignote de partout, c'est à celui qui aura le plus de lumières, d'ampoules, de néons, la plus grande devanture, le plus grand panneau publicitaire etc... Féérique, tape à l'oeil, tout est fait pour attirer le client... pigeon !

En "bon" français, c'est vers le casino "Paris" avec sa tour Eiffel modèle réduit que nous nous dirigions. Petit tour à l'intérieur puis nous nous sommes mis à la recherche d'un restaurant pas trop cher, pour fêter notre Badwater. Dur, dur d’en trouver un de bien (enfin où on mange normalement) et pas trop cher, car ici faut payer, payer et encore payer. Bref nous avons tout de même déniché quelque chose de correct dans un cadre qui ne faisait pas... MacDo. Puis ce fût quelques dollars dans les machines à sous, vite fait bien fait... au suivant !!!

Enfin, quelques photos d'intérieur et d'extérieur avant de repartir pour l'hôtel.



















La ville de feu ! La nuit est le moment de la journée où Las Vegas prend toute sa splendeur, des milliers de lumières pour attirer et en mettre plein la vue au “client”... Un vrai parc d’attractions pour adultes !

Vendredi 15 juillet 2005.

Programme de la journée : Achats, cadeaux pour nos familles et nettoyage complet de la voiture avant de la rendre à la société de location.


Au niveau cadeaux, il n'y a vraiment pas grand chose d'original là-bas. Dur de trouver quelque chose ayant un rapport avec l'histoire du pays ou de typique. Mais bon, on a fait ce qu'on a pu. En soirée, petite piscine avec Michael, pendant que Phil planchait sur ses articles. Ce soir là, grignotage dans la chambre et valises car le lendemain était jour de départ pour nous et fin de cette aventure américaine.




Samedi 16 Juillet 2005.

Départ à 11 h de l'hôtel pour une remise de la voiture avant midi au loueur près de l'aéroport. Cela ne nous arrangeait pas trop, car notre avion était prévu à... minuit !!!! Conclusion nous avons passé toute l'après midi assis dans la salle d'un bar de l'aéroport à refaire le monde. Le décollage eut lieu en plus avec près de 2 h de retard !

Dimanche 17 et lundi 18 Juillet 2005.

Arrivée prévue à New York le matin, nous passions encore une journée complète dans un aéroport, nous voulions faire un tour à New York pendant l'attente de notre correspondance, mais avec le retard pris par l'avion de Las Vegas, le temps devint trop juste pour y faire un aller/retour.



Le retour sur la France se passa sans problème et c'est vers 10h45 que notre avion se posa à Nice. Mon fils nous y attendait pour nous ramener à Antibes. Après un repas pris à la maison, direction la gare d'Antibes pour Phil et Michael pour un retour en TGV pour Paris.



C'est sur le devant de la gare que se termina définitivement notre aventure, tous heureux que cela se soit passé sans aucune fausse note entre nous trois. Notre CREW avait bien fonctionné, notre but était réalisé... LA LIGNE D'ARRIVEE !!!

Maintenant que penser de la Badwater ?... 
Est-ce la course la plus dure au monde ?

Je vais me lancer et donner mon impression personnelle. La plus dure ? Je ne sais pas, car il aurait fallu tout courir pour donner une impression complète. Il est donc difficile de donner vraiment un avis, mais déjà, par rapport à toutes celles que j'ai pu faire, je dirai sans hésitation NON. A condition similaire de chaleur (et elle y était), je pense sincèrement que "La route du sel 555" est d'un tout autre niveau de difficultés.

D’une part la longueur : 555 km c'est autre chose. D’autre part on se retrouve seul, sans assistance : différence énorme et fondamentale, car sur la Badwater le fait d'avoir une assistance retire beaucoup de stress, d'angoisse et finalement on a "juste" à courir sans se soucier du reste. De plus, il y a une forte disproportion entre les assistances, certains coureurs peuvent avoir 6, 7, voir une dizaine personnes, plusieurs voitures avec un équipement adéquat pour ce genre de course. Il y en a même qui ont des baignoires à glace, pour se plonger entièrement dedans !!! Sur la 555, on doit tout gérer, tout seul, son eau, son alimentation, son physique, son sommeil, son mental, ses douleurs...

Au niveau du sol, le sable use beaucoup plus physiquement. Certes, il ne casse pas du muscle comme peut le faire le bitume (mais en ayant une foulée régulière on s'en sort sans problème) le sable, lui, vous épuise au fil des km. En se dérobant sous les pieds il multiplie sans cesse la durée de l'effort, l'impact du pied est beaucoup plus long, rien ne nous renvoie, aucune dynamique, aucun rythme possible...

La difficulté de la Badwater, est à mon avis la constance de la chaleur, JOUR et NUIT. Le bitume la nuit c'est l'horreur, il nous "crache" toute la chaleur qu'il a pu emmagasiner durant la journée. Inconsciemment notre cerveau associe nuit et fraîcheur, ici rien de tout ça, nuit égale fournaise ! Le sable, lui, est plus généreux, il garde la chaleur mais au bout de quelques heures il se refroidit et les nuits sont plus "fraîches".



Mais peut-on vraiment comparer ces deux épreuves ? Difficile tout de même, elles sont en définitive bien différentes par leur distance, leur terrain et leur gestion.



Alors, Gégé ne va pas trop se mouiller tout de même, toutes deux font certainement partie des épreuves les plus dures au monde, chacune dans leur domaine. Mais quand même avec un gros coup de coeur pour la 555, incontestablement le Ténéré représente autre chose émotionnellement plus fort que la Vallée de la Mort.



Pour finir, je suis en définitive vraiment heureux d'avoir pu faire ces 2 épreuves, j'en garderai des souvenirs à vie, des souvenirs beaucoup plus personnels et intérieurs pour la 555 et des souvenirs d'équipe pour la Badwater, car il ne faut pas l'oublier, la Badwater ne se fait pas seul, il faut la partager avec son assistance...ESSENTIELLE pour la réussir.