Tout est dans la tête : le rêve d'abord, la réalisation ensuite...
il suffit de se dire "je peux le faire"... et de le faire !

MAURITANIENNE RACE 200 - 200 km non stop - Mauritanie - Mars 2003




Même dans mes rêves

les plus fous... !

Quatre mois après la Désert Cup , me voici en mars 2003 en Mauritanie, pour la première édition de la "Mauritanienne Race 200" .

Cette course est un raid de 200 km non-stop dans la région d'Atar à effectuer en moins de 75 heures. Un ravitaillement tous les 20 km en eau est fourni par l'organisation, nous y retrouvons notre propre sac de nourriture acheminé à chaque CP, choisi, par l'Organisation.
Autre pays, autre désert, autre organisation. Après la "Rolls " Désert Cup en Jordanie, j'ai découvert une toute autre organisation. Plus petite, plus conviviale, moins luxueuse, mais chaleureuse et familiale, l'association TRAIL 91 est tout aussi sérieuse et a réussi cette première édition qui a été dure à mettre en place.
Chapeau et merci à cette petite équipe qui s'est vraiment dévouée pour les coureurs et longue vie à leur épreuve.

Dimanche 9 mars 2003.
C'est parti ... Décollage de Marseille à 8h15 et après un voyage sans histoire nous sommes arrivés à Atar à 12h30 comme prévu. Et là, première surprise en sortant de l'avion, nous étions tout de suite fixés sur la température ambiante, environ 40° sur la piste... Nous qui sortions à peine de l'hiver, quel choc !

Et déjà la première pose devant notre bus (aéré) qui allait nous emmener à notre auberge.



Notre auberge "Eoud Illij" à Azougui près d'Atar.



Dépaysement total garanti, surprenant quand on y arrive, mais tellement sympa et conviviale après. A notre arrivée à l'auberge, les mauritaniens, visiblement heureux de nous recevoir, nous ont réservé un accueil d'une grande gentillesse.

Derrière moi, nos chambres, de petites huttes appelées TIKIT




Lundi 10 mars
Après une installation tranquille, mais chaude le dimanche après-midi, le lundi matin fût consacré aux contrôles "techniques" et médicaux pour pouvoir être déclaré "bon pour le service".





Contrôles, repas tout se passe dans une ambiance décontractée et la bonne humeur, mais tout le monde parle déjà de la chaleur que l'on aura pendant la course (environ 50° annoncé dans le désert).

Au menu : crudités, riz en sauce légumes et viande.



Le reste de la journée était libre et cela a permis aux coureurs et aux membres de l'organisation qui étaient restés à l'auberge de faire connaissance et de créer une ambiance amicale et chaleureuse. Les autres membres de l'équipe étaient partis toute la journée en 4x4 pour vérifier et baliser toute la piste de la course sur 200 km et préparer les CP. Le soir, à leur retour, à la vue de leur état et surtout de leurs couleurs, on était déjà tous fixés sur ce qui allait nous arriver le lendemain et avec l'accord général de tous les coureurs le départ de la course allait être avancé d'une heure le lendemain matin.

Mardi 11 mars
7h45, la photo de famille, tout sourire encore. Le grand jour est arrivé... pour les organisateurs (qui étaient visiblement assez tendus avant le départ) et pour moi, car pour un deuxième raid je n'avais peut-être pas choisi la course la plus facile ! Mais rien à voir avec la Désert Cup , pas de stress particulier, j'étais là pour faire la course et j'étais même serein, voire même pressé de partir. J'avais décidé de partir avec les meilleurs, pour voir où se situait la différence entre eux et moi. Juste un peu soucieux sur les conditions de chaleur que l'on allait avoir, bien que je supporte relativement bien celle-ci et en fin de compte ce sera l'eau chaude qui sera le plus pénible !



8h05, le départ est donné au son d'une fusée de détresse, à l'intérieur de l'auberge. Une heure plus tôt que prévu à l'origine, vue la température annoncée, il valait mieux partir "à la fraîche" pour avoir un démarrage de course pas trop chaud et tranquille.

Mais au lieu d'un départ "cool" c'est parti relativement vite, pour accélérer au fur et à mesure des kilomètres, certains n'étaient pas là pour faire du tourisme !





Dès la sortie de l'auberge et au bout de 200/300 mètres de course, déjà le petit peloton s'étire.





La course est lancée et ça ne rigole plus aux avants postes et le petit peloton de furieux dont je fais encore parti, s'étire, mais pour moi, l'heure de laisser partir ce petit monde va bientôt arriver.



Comme j'avais prévu de partir avec les "cracs" et bien je suis parti vite. Mais au bout d'une dizaine de kilomètres, je me suis dit que cela allait beaucoup trop vite pour une telle épreuve et dans de telles conditions climatiques, j'ai donc laissé partir une douzaine de furieux se "suicider" en me disant que j'en "ramasserai" bien quelques un plus tard. Ce qui m'a permis de faire quelques photos et d'apprécier un peu plus les paysages magnifiques qui défilaient devant nous au fil des kilomètres.

Au bout de 10 km , au revoir messieurs et à plus tard. En faisant cette photo, je ne pensais pas que se serait ici que se jouerait la course pour moi.



Beauté, magie, les premiers paysages de la course défilent.







Géantissime... et infiniment petit.



Après avoir remonté et dépassé pas mal de concurrents les un après les autres au bout d'une journée où le soleil avait fait son oeuvre, le début de soirée fut très dur à la sortie d'une grosse portion de dunes (longue de 15 km environ), et lorsque le terrain fut plus propice à la course, les crampes me sont venues et durant 1h30 environ impossible de recourir !

A ce moment j'ai croisé un des organisateurs en 4x4 (le veinard) qui me dit que tout le monde avait les mêmes difficultés à courir. Cela m'avait regonflé un peu car j'étais en quatrième position à ce moment là et heureux d'être déjà à cette place, inespérée au départ.

"Surtout suivez les traces" nous avait dit l'organisateur lors du briefing !!!





La nuit et le grand moment...
Après ce moment difficile oublié, la "machine" était repartie. A 500 m du CP 4 (80e km) je rattrapais Christian GINTER. Ce fût, pour moi, une énorme surprise de le rejoindre, car c'est un sacré client et il était un des favoris de la course. En repartant du CP 4 je n'avais plus que deux coureurs devant moi et plus j'avançais dans la course plus je me sentais bien. Le moral était au "top" j'étais sur le podium !

... Ce "grand moment" arriva au CP 5 (100è km)
Quand je suis arrivé au CP 5 mes deux prédécesseurs étaient encore là, donc je leur avait repris du temps sur ce CP. Pendant que je m'alimentais je les voyais se faire des politesses pour repartir en tête, c'est alors que j'ai pris mon sac et je suis parti devant en leur disant que moi cela ne me gênais pas d'être devant, quel "pied" j'étais en tête d'un grand raid au bout de mon deuxième !

Et là j'ai tout donné pour essayer de faire une différence dans les 20 km suivants, résultat : 1h45 d'avance sur le deuxième au CP 6 (120e km) et encore sur le même rythme jusqu'au CP suivant, le trou était fait.

Quelle nuit ! le désert était là, pour moi tout seul, personne devant ! Encore plus fabuleux qu'en Jordanie, il faisait bon, le moral au top et des jambes de feu. J'étais sur un nuage "de sable Mauritanien" et pendant de longues heures j'ai vraiment pu apprécier cette victoire qui se profilait au fil des kilomètres. Pour moi, dans ma tête, il aurait fallu me "tuer" pour venir me prendre cette victoire, j'avais 3 heures d'avance et je n'avais plus qu'à la gérer jusqu'au bout.

Puis, grosse frayeur au lever du jour, dans un début de tempête de sable, aveuglé par le sable et la lumière du soleil qui était face à moi au raz de l'horizon, j'ai perdu la piste et me suis retrouvé perdu au milieu de nulle part dans ces tourbillons de sable, de vent... Colère, rage, dépit, écoeurement, tout est passé dans ma tête pendant environ une heure. Je sifflais dans tout les sens, lançais une fusée de détresse, je hurlais toute ma colère et mon désespoir. Finalement après une heure, je retrouvai le balisage de la piste devenu quasiment invisible avec ce vent qui recouvrait nos traces de pas immédiatement après les avoir faites et quel soulagement de voir le 4x4 de l'organisation venir à ma rencontre, OUF !

Mais j'avais laissé pas mal d'influx et d'énergie dans cette petite escapade au milieu de ce néant et quand j'ai appris que j'avais encore deux heures d'avance le moral est revenu petit à petit. La fin de course fut de longues heures de marche car c'étaient les heures les plus chaudes de la journée et je repartais du dernier CP vers midi sous 50° en ayant dit à l'organisateur que je finirai en marchant tranquillement, car je ne voulais pas me détruire physiquement en sachant que le deuxième était à deux heures derrière. C'était à lui de faire l'effort pour revenir. Et c'est avec une seule idée en tête "LA VICTOIRE", que j'effectuais ce dernier tronçon magnifique en attendant le moment de franchir la ligne d'arrivée.

Séance Emotion...
Après cette dernière portion de désert où la chaleur fut terrible, la dernière ligne droite ( 6 km quand même) dans le village d'Azoughi fut un moment magique, où au fur et à mesure que j'approchais de l'auberge, je retrouvais à deux kilomètres de l'arrivée des visages connus aux larges sourires, heureux de me voir. Les concurrents qui avaient dus arrêter leur aventure en cours de route, étaient tous là, venus à ma rencontre. Qui était le plus heureux, je ne sais pas, car vraiment il y avait une communion dans la joie et l'arrivée à l'auberge avec tout les villageois bras en l'air, avec les "Youyou" ce sont des moments très, très forts que je n'oublierai jamais.


















Le Grand Bonheur !


Après 30h47', je passe enfin cette ligne d'arrivée, sur un nuage avec une immense joie intérieure...

Quand je repense au chemin parcouru pour en arriver là, ces heures et ces heures d'entraînement, ces sacrifices, toute la volonté qu'il m'a fallu avoir pour perdre tous ces kilos, toutes les douleurs musculaires et articulaires pour faire redémarrer mon corps !
Mais la récompense est là, le GRAND BONHEUR pour cette victoire qui sera irremplaçable, car elle restera à tout jamais la première (et pas la dernière j'espère) un moment que je n'aurais jamais pu imaginer, même dans mes rêves les plus fous !

Le moment magique immortalisé en compagnie de Saad ould YAYAH et de Jean Pierre DELHOTAL, "Merci messieurs pour votre hospitalité et votre organisation".



Pas de contrat publicitaire avec Coca, mais quelle joie un peu de fraîcheur après toutes ces heures de fournaise !



Quel "PIED" c'est le cas de le dire, cette petite séance de trempette après avoir eu les pieds bouillants et enfermés pendant des dizaines d'heures, ça c'est top ! Merci Jacques.







... Petit cigare bien mérité avant d'aller prendre la douche.



Premiers moments de détente pour Philippe FAVREAU deuxième de l'épreuve



Pour pouvoir vider les 3 ampoules superposées sur une longueur de 7 cm !




Plein les yeux !
Un peu de tourisme après la course, mais en 4x4 cette fois. De nouveaux paysages, complètement différents de ceux que l'on a pu voir en course, ici après la passe d'Amo Djar et ses immenses canyons, impressionnants !



Le podium de la course en compagnie de Christian GINTER 3ème et de Philippe FAVREAU 2ème



Samedi 15 mars
Le deuxième grand moment pour moi fut le podium, la finalisation de la course, le moment où l'on se rend un peu plus compte de la victoire.
Mais que ce fut dur, après une journée où la pression est montée au fil des heures, juste avant la remise des trophées, je suis tombé malade (le stress, l'émotion, le contre-coups de la course ?) je ne sais pas, mais dans un état !...
Après un petit quart d'heure de retard, le temps de me remettre d'aplomb, finalement, le bonheur était au bout, quel plaisir de venir le premier ! De recevoir le trophée du vainqueur et le "summum" de voir tout le monde vous applaudir, frissons garantis, ça c'est grand, très grand !











Et maintenant j'ai... comme une envie de remettre ça !

Pour cette soirée de clôture, pas de table, pas de chaise, les couverts sont vite installés, et méchoui pour tout le monde !



Chants, danses, l'animation est riche en couleurs.





En conclusion de cette semaine Mauritanienne, une évidence s'impose à moi, j'ai vraiment trouvé le genre d'épreuve qui me convient, cela confirme tout ce que j'avais ressenti lors de la Désert Cup.

Non pas parce que la victoire est là, car pour moi la priorité est d'abord de me faire plaisir, d'être content de ma course à l'arrivée, et si un résultat se présente, c'est évidement la cerise sur le gâteau !